GolemIl arrive que les rôles s'inversent. Dans Golem le fugitif devient détective, à la recherche du vrai coupable, mais surtout à la recherche de lui-même.

Dans Golem il y a des policiers de la Police Judiciaire, un probable meurtre, un probable assassin, la traque d'un suspect. Bref, tous les composants du polar. S'y ajoute la volonté de trouver la Vérité : EMET. Avec ce mot, qui signifie la vérité dans la Kabale, le ton est donné. Le roman nous fera aussi voyager dans les profondeurs des traditions juives d'Europe centrale. Mais cette juxtaposition serait trop simple pour Pierre ASSOULINE. Il y ajoute un volet scientifique en s'aventurant dans les terres du cerveau, de la mémoire ; un volet culturel avec des sons joués par un Didgeridoo aborigène et un Montavana, petit air de la Renaissance, sous une peinture moderne de Mark Rothko, Black on Maroon.

Chez certains auteurs, cela pourrait faire beaucoup. Ce n'est pas le cas ici, Pierre ASSOULINE jouant avec dextérité avec tout ces concepts, ces arts, ces environnements.

Mais il faut surtout lire Golem pour le rythme de ses mots et la musique de ses phrases. Comme dans ses autres romans (Lutetia, Double vie, Les invités,...) les perles sont nombreuses : "il tenait à son nom comme son nom le tenait" ; "il parlait si lentement que le sujet était mort avant d'atteindre le verbe". On pense aussi à Umberto ECO avec Le cimetière de Prague, avec toutes ses références érudites.

La prouesse est de parvenir, avec tous ces thèmes abordés, d'aller jusqu'au bout des codes du roman policier et d'être accessible à tous. A la manière d'un talentueux joueur d'échec, Pierre ASSOULINE positionne ses pions avec méthode, en anticipant les mouvements de son adversaire et néanmoins ami, le lecteur. On en sort échec et mat en étant heureux de l'être.

Notice de l'éditeur

Soupçonné du meurtre de son ex-femme, décédée dans un mystérieux accident de voiture, Gustave Meyer, grand maître international d'échecs, voit soudain sa vie basculer. En un instant, ce solitaire devient un fugitif partout recherché.
Dissimulé sous une autre identité, isolé des siens, il est rattrapé par ses failles : l’étrange opération chirurgicale qu’il a subie à son insu et qui l’a «golémisé» en décuplant ses facultés mentales ; la relation ambiguë qu’il entretient avec l’ami qui l’a opéré ; le sentiment diffus de ne plus s’appartenir et de devenir un monstre au regard de la société.
Une clé lui manque, qu’il part chercher en errant au cœur de la vieille Europe, deux femmes à ses trousses : Emma, sa propre fille, qui essaie de l’aider, et Nina, chargée de l’enquête policière.
Meyer y parviendra-t-il à temps? Sera-t-il assez solide pour faire face à la vérité qu’il va découvrir?