La Daronne

la Daronne Hannelore CAYRE

Avec Patience Portefeux, les petits caïds des cités ont intérêt à bien se tenir. C'est aussi valable pour tous les autres. Arabes, juifs, pieds noirs, chinois, flics, trafiquants, directrices d'EHPAD. Tout le monde en prend pour son grade.

Lorsque l'on est une femme seule élevant ses deux filles avec en plus la charge d'une mère atteinte de la maladie d'Alzheimer, il faut bien se débrouiller pour joindre les deux bouts. Et si on ajoute l'ambition d'assurer à sa progéniture un héritage digne de ce nom, quelques efforts supplémentaires s'avèrent indispensables. Pas le temps ni la possibilité de se préoccuper d'une quelconque morale dans ces conditions.

Le ton est vite donné dans La Daronne. La morale ne trouvera pas sa place ici. Hannelore CAYRE s'amuse et sait nous amuser dans ce récit bien déjanté, peu respectueux du politiquement correct. Elle amène une bouffée d'air frais, quoiqu'un peu enfumé, dans une production littéraire souvent dominée par les codes et les parfums d'ateliers d'écriture.

Alors avec plaisir laissons nous aller tout au long de cette aventure des temps modernes. Et si parfois on n'y croit pas trop, qu'elle importance ?

Notice de l'éditeur

« On était donc fin juillet, le soleil incendiait le ciel ; les Parisiens migraient vers les plages, et alors que j’entamais ma nouvelle carrière, Philippe, mon fiancé flic, prenait son poste comme commandant aux stups de la 2e dpj.

– Comme ça on se verra plus souvent, m’a-t-il dit, réjoui, en m’annonçant la nouvelle deux mois auparavant, le jour de sa nomination. 

J’étais vraiment contente pour lui, mais à cette époque je n’étais qu’une simple traductrice-interprète judiciaire et je n’avais pas encore une tonne deux de shit dans ma cave. »

Comment, lorsqu’on est une femme seule, travailleuse avec une vision morale de l’existence… qu’on a trimé toute sa vie pour garder la tête hors de l’eau tout en élevant ses enfants… qu’on a servi la justice sans faillir, traduisant des milliers d’heures d’écoutes téléphoniques avec un statut de travailleur au noir… on en arrive à franchir la ligne jaune ?

Rien de plus simple, on détourne une montagne de cannabis d’un Go Fast et on le fait l’âme légère, en ne ressentant ni culpabilité ni effroi, mais plutôt… disons… un détachement joyeux.

Et on devient la Daronne.

La Daronne
Un film de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert et Hippolyte Girardot 2020