L'imprécateur

L'imprécateurDans les entreprises, peu de choses ont changé depuis 1974, année de parution de "L'Imprécateur". Les techniques de management, même si elles ont un peu évoluées, sont toujours en vogue, comme le vocabulaire employé. La finance a pris le pas sur tous les autres domaines, laissant quand même une belle place au Marketing et aux Relations humaines, sachant que pour ce dernier le terme Relations est préféré à celui de Ressources, un peu trop impersonnel.

Le maître mot de ce jargon sorti des Hautes Ecoles de Commerce influencées directement par les Etats-Unis est "cash flow". En résumé et pour simplifier le solde de l'argent restant après le paiement toutes les charges, salaires, impôts et autres disponible pour toute utilisation, selon le bon vouloir des actionnaires. C'est dans ce contexte et sous la religion de ce dieu "cash flow" que se déroule l'incroyable aventure vécue par le siège parisien de la multinationale américaine Rosserys & Mitchell, racontée par son DRH adjoint (Directeur des Relations Humaines - pourquoi "adjoint" d'ailleurs, on ne le sait pas...).

Attaquée par une campagne de communication hors du commun et anonyme, le siège de la filiale française du groupe menace de s'effondrer, au sens propre comme au sens figuré. Une longue enquête sera nécessaire pour confondre le ou les auteurs de cette vaste machination.

Au delà de l'intrigue, René-Victor PILHES dénonce un système économique où l'humain n'est qu'un simple rouage, qu'il soit petit employé ou cadre dirigeant. Le seul objectif est le profit et pour y parvenir le pouvoir, quelqu'en soit le prix. Dans ce but l'arme de guerre est l'entreprise, avec à sa tête un président-dictateur actionnaire majoritaire au-dessus des lois et des états.

Avec L'imprécateur, le polar économique a acquis ses lettres de noblesse.

Notice de l'éditeur

Qui a distribué ce rouleau ? Que signifie son contenu ? Très vite on acquiert la certitude que seul un personnage important, ayant accès aux dossiers des directions, est en mesure de rédiger ce texte et de le distribuer la nuit sans encombre. Qui est cet imprécateur qui s’adresse ainsi au personnel ?
Ce roman est d’abord, du début à la fin, un « suspense » mené de main de maître. Il est ensuite une sorte de conte fantastique. Les cadres que nous connaissons bien, que nous voyons tous les jours dans toutes les entreprises, ses présentent comme des marionnettes manipulées par des forces presque magiques, irrésistibles.
L’auteur de La Rhubarbe (prix Médicis 1965) et du Loum, toujours aussi lyrique, féroce (et drôle), nous entraîne ici du côté de Kafka et de Gaston Leroux : dans un cauchemar énorme. Quand on a refermé L’Imprécateur, on ne voit plus de la même manière le monde du travail dans les entreprises occidentales, ni leurs dirigeants. Si, comme l’annonce R.-V. Pilhes, les sociétés multinationales ne se contentent pas de la domination économique, mais favorisent surtout le mépris, l’orgueil froid chez leurs collaborateurs, alors les démocraties périront étouffées non pas par des troupes armées, mais par ceux qui auront voulu « faire du monde une seule et immense entreprise ».
Né en 1934, René-Victor Pilhes a mené une carrière de publicitaire pour se consacrer ensuite à la littérature. Il est l’auteur d’une dizaine de romans dont La Rhubarbe (prix Médicis 1965). L’Imprécateur a reçu le prix Femina en 1974.

 

L'imprécateur (1977) film de Jean Louis Bertuccelli avec Jean Yanne, Michel Piccoli, Jean-Pierre Marielle, Jean Claude Brialy, Michel Lonsdale, Marlène Jobert