Ah les années Giscard ! L'abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans, la légalisation de l'avortement avec la loi Veil, la dépénalisation de l'adultère : bref, l'entrée dans une nouvelle société, moderne et dynamique.
Mais c'est surtout de sa face occulte et sombre dont parle le roman d'Eric DECOUTY. Aujourd'hui, rarement sont évoquées les relations entre Giscard et l'extrême droite. Les liens avec les anciens militants de l'OAS exfiltrés par De Gaulle en Argentine dans les années 1960, de même qu'avec ceux restés en France étaient toujours actifs. Les relations très discrètes, ambiguës, du gouvernement français avec les dictatures d'Argentine et de Pinochet n'ont jamais fait la une de l'actualité, le gouvernement accueillant d'un côté les réfugiés et de l'autre conservant de bons rapports avec les juntes au pouvoir (Maurice Papon, préfet de police a l'époque a été décoré par le dictateur argentin Videla...). Qui se souvient que les militaires sud américains ont été formés par des officiers français ayant opéré en Algérie, spécialistes de la torture à l'électricité ?
C'est ce que met en lumière l'auteur, au travers de l'histoire d'un flic des Renseignements généraux chargé d'enquêter sur l'assassinat de l'ambassadeur bolivien à Paris. Martin Kowal se retrouvera ainsi au coeur d'une gigantesque manipulation, dans l'ombre de Michel Poniatowski, alors ministre de l'intérieur, et d'un de ses directeurs de cabinet, Robert Pandraud.
Roman policier, politique, historique, L'affaire Martin Kowal cumule tous ces genres. Il se lit d'une traite, laissant à la fin la désagréable impression que peu de choses ont changé quand la raison d'Etat est invoquée, celle-ci se confondant souvent avec la raison d'une clique au pouvoir.
Notice de l'éditeur
Jeune inspecteur des Renseignements généraux le jour, Martin Kowal mène la nuit une vie dissolue dans les boîtes parisiennes, pour tromper sa solitude et son mal-être. Lorsque l’ambassadeur de Bolivie est assassiné en pleine rue le 11 mai 1976, il est propulsé contre toute attente à la tête du groupe chargé d’identifier les mystérieuses «Brigades internationales» qui ont revendiqué l’attentat. Le gouvernement, qui craint l’irruption en France du terrorisme d’extrême-gauche, attend des résultats rapides. Pourtant, l’enquête prend une direction opposée à celle de la piste officielle, vers une organisation d’anciens nazis et d’ex-membres de l’OAS. L’affaire entraîne Kowal au cœur d’une machination impliquant des haut gradés de la guerre d’Algérie, les dictateurs d’Amérique du Sud et les éminents responsables du pouvoir politique en France, tout en le confrontant au douloureux passé de sa famille.