Après les terribles années algériennes vues dans La guerre est une ruse j'avais envie de m'accorder un moment de détente, sans sombrer dans l'humour potache et en restant fidèle au Noir.

Aussi le dernier roman de Jean-Bernard POUY m'était tout indiqué et, dès les premières pages, il m'assurait de remplir complètement la mission que je lui avais malgré lui assignée en fait (ou en fête - voir l'amour de l'auteur pour l'emploi de cette expression). Si Jean-Bernard POUY déteste ce type de locution à la mode en l'argumentant solidement il adore toujours jouer avec les mots, en poussant certains "au bout" pour nous montrer, sans malveillance aucune, notre manière absurde de les utiliser dans notre langage que nous voulons actuel.

Sa ZAD. Lorsque l'on parle de ZAD on ne bouge pas, et encore moins quand c'est de la sienne qu'il s'agit. Qui dit Zone dit périmètre et qui dit A Défendre dit implication majeure dans un enracinement profond pour ne pas être délogé. Eh bien non ! Jean-Bernard POUY ne supporte pas l'immobilisme. Comme dans la plupart de ses romans c'est dans une véritable rode-tripes (désolé je n'ai pas pu m'en empêcher) qu'il nous emmène aux quatre coins de la France avec quelques incursions au delà de nos frontières.

Refus de l'injustice, rejet du "modèle" social, vengeance et goût de la liberté - libertaire - Ma ZAD ne déroge pas aux idées exprimées dans les romans précédents, véhiculées ici par Camille dans son vieux Toyota. Le tout se lit dans un style relevé, vif, jamais cynique, grandiloquent ou donneur de leçon, avec une grosse dose d'humour et de poésie.

Ma ZAD : Groprix du livre 2018 au festival international du film grolandais de Toulouse, quand même !

Notice de l'éditeur

Camille Destroit, quadra, responsable des achats du rayon frais à l'hyper de Cassel, est interpellé lors de l'évacuation du site de Zavenghem, occupé par des activistes. À sa sortie de GAV, le hangar où il stockait des objets de récup destinés à ses potes zadistes n'est plus qu'un tas de ruines fumantes, son employeur le licencie, sa copine le quitte… et il se fait tabasser par des crânes rasés. Difficile d'avoir pire karma et de ne pas être tenté de se radicaliser!
Heureusement, la jeune Claire est là qui, avec quelques compagnons de lutte, égaye le quotidien de Camille et lui redonne petit à petit l'envie de lutter contre cette famille de potentats locaux, ennemis désignés des zadistes, les Valter.