Il est de bon ton, l'été, de renouer avec ses classiques. Si certains partent en vacances avec dans leurs valises FLAUBERT, BALZAC ou PROUST, j'ai choisi, comme amateur de polar, de mettre sur ma table de chevet en cette saison estivale Assurance sur la mort de James M. CAIN.
De même qu'un CHANDLER ou qu'un Peter CHENEY, James M. CAIN fait partie de ces auteurs pionniers du roman noir américain, dont les œuvres furent longtemps classées comme "romans de gare", tout juste bonnes à être lues entre deux correspondances puis jetées dans la première poubelle venue. Il a fallu attendre de nombreuses années après leur parution pour qu'elles trouvent enfin la place qu'elles méritaient.
Quand on lit Assurance sur la mort, on découvre qu'en seulement 150 pages l'auteur a su condenser tout ce qui faisait un bon roman. Autour d'un triptyque aussi banal que la femme, son mari et l'amant foisonnent énigmes, dialogues percutants et multiples rebondissements avec, dans le désordre et sans souci d'exclusivité : magouilles véreuses, passions, filatures, trahisons sans oublier meurtres... James M. CAIN sait associer à son histoire autre chose, le plus qui en fait son sel, à savoir une description de la nature de l'homme et, au delà, de la société qui l'entoure. Il excelle notamment dans la description des rapports homme - femme, en faisant en sorte que chacun de ses lecteurs s'y reconnaisse, du moins - et heureusement - dans une infime partie.
Sa vision, souvent cynique mais toujours profondément humaine par la mise en avant de nos petites faiblesses, parvient à susciter compassion. Ce n'est pas un hasard si ses romans ont inspiré Hollywood. Aujourd'hui Assurance sur la mort est plus connu comme film (réalisé par Billy WILDER), tout comme Le facteur sonne toujours deux fois (plusieurs fois porté au cinéma, la version la plus célèbre étant celle de Bob RAFELSON avec Jack NICHOLSON et Jessica LANGE). Aussi c'est tout à l'honneur des éditions Gallmeister de ré-éditer dans sa collection Totem de tels grands classiques que tout amateur de polar se doit de lire.
Promis, celui-ci ne s'ennuiera pas. Il n'humera pas l'odeur des madeleines mais le parfum des femmes fatales. Il se remémorera, selon son âge avec quelque nostalgie, le temps où les digicodes n'existaient pas, laissant la voie libre aux agents d'assurance pour concourir à celui qui serait le plus rapide à entrer chez vous et à s'assoir sur votre canapé.
L'édition de Totem contient une passionnante postface de François GUERIF, qui a écrit une biographie consacrée à James M. CAIN (James M. CAIN, éditions Séguier, 1992). Selon François GUERIF, James M. CAIN aurait influencé entre autres Albert CAMUS et aurait été admiré par des auteurs comme Jean-Paul SARTRE et André GIDE, pour ne citer que les auteurs français.
Notice de l'éditeur
Séduit par la troublante Phyllis Dietrichson, l’agent d’assurance Walter Neff conspire avec elle le meurtre de son mari après lui avoir fait signer une police prévoyant une indemnité pharaonique en cas de mort accidentelle. Évidemment, la compagnie d’assurance va suspecter la fraude, mais Walter et Phyllis sont intelligents, déterminés et totalement sans scrupules. Le crime parfait existe-t-il ? Peut-on vraiment échapper à une vie rangée pour éprouver le grand frisson aux côtés d’une femme fatale ?
Un roman qui fit scandale avant d’être à l’origine de l’un des plus grands films noirs de tous les temps.