Corruption

Serpico, Les Incorruptibles ne sont que de vieilles histoires pour les flics de New York. A peine embauché dans les rangs de la police, la jeune recrue doit choisir son camp, sa communauté. Ensuite tout s'enchaîne. Si la communauté est associée à une famille, politique, mafieuse ou autre, le bleu doit suivre. Faire machine arrière n'est pas conseillé, le risque étant d'être à tout jamais isolé de ses collègues, d'être considéré comme un dégonflé ou pire, comme une balance.

Dans la rue il y a des chefs. A Manhattan il s'appelle Malone. De ses supérieurs au petit dealer tout le monde le craint, le respecte. Et tout le monde sait ou devine qu'il est corrompu. Au delà de ce constat, les questions affluent : comment en est-il arrivé là ? Le système n'est-il qu'une immense machine à corrompre ? Petit à petit, elles prennent une place importante dans le roman.

Mais avec Don WINSLOW les réflexions philosophiques ou existentielles s'expriment plus dans dans l'action. Les temps de réflexion sont intenses, mais courts. La drogue doit être livrée, l'argent récolté, les pots de vin versés. Le circuit infernal, ponctué de violence, ne tolère pas l'immobilisme.

Après avoir exploré l'amont des filières de drogue avec La griffe du chien et Cartel, Don WINSLOW porte avec Corruption un regard sur l'aval, à savoir la distribution dans la rue, dernier kilomètre dans la phase finale de livraison d'une marchandise comme le nomme les professionnels de la logistique. Quelques réflexions de Malone donnent un aperçu de l'état d'esprit du roman (et probablement de son auteur) : "Le 11 septembre a sauvé la mafia", "Je préfère mille fois un gangster honnête à ces enfoirés de Wall Street", et "Un flic accepte un sandwich au jambon pour tourner la tête, il perd son boulot. Le Congressman Trouduc touche plusieurs millions de la part d'un industriel travaillant pour La Défense, c'est un patriote."

Un peu lent au départ, Corruption trouve son rythme à partir de la quatre-vingtième page. Après, plus d'arrêt possible. A la fin une interrogation obsède : quelle part de vérité, quelle part de fiction dans ce roman ? Don WINSLOW se garde bien d'y répondre.

Notice de l'éditeur

QUAND TOUT LE SYSTÈME EST POURRI
AUTANT JOUER SELON SES PROPRES RÈGLES
 

Denny Malone est le roi de Manhattan North, le leader charismatique de La Force, une unité d’élite qui fait la loi dans les rues de New York et n’hésite pas à se salir les mains pour combattre les gangs, les dealers et les trafiquants d’armes. Après dix-huit années de service, il est respecté et admiré de tous. Mais le jour où, après une descente, Malone et sa garde rapprochée planquent pour des millions de dollars de drogue, la ligne jaune est franchie.
Le FBI le rattrape et va tout mettre en œuvre pour le force à dénoncer ses coéquipiers. Dans le même temps, il devient une cible pour les mafieux et les politiques corrompus. Seulement, Malone connaît tous leurs secrets.
Et tous, il peut les faire tomber…

À travers une narration abrupte et remarquablement réaliste, faisant écho à l’œuvre de Dennis Lehane comme aux films de Martin Scorsese, James Gray et Brian de Palma, Don Winslow livre un roman policier magistral, tableau étourdissant du crime organisé, actuellement en cours d’adaptation au cinéma par James Mangold (Copland). 

The force