Ian Rankin abandonne Rebus mais n'abandonne pas l'Ecosse et Edimbourg. Son nouvel héros, dont c'est ici la seconde aventure (après Plaintes) est aux antipodes de John Rebus sur bien des facettes. Il fait partie des bœufs carottes (la police des polices) ; il est sobre ; il est discret ; il est maître pour l'instant de ses émotions et de son comportement. Mais en grattant un peu des points communs se révèlent. Tous les deux sont des solitaires, des indisciplinés, des irrespectueux de la hiérarchie et des teigneux suivant jusqu'au bout leur instinct.
Pour les amoureux de Rebus, il faudra peut être un peu de temps pour s'habituer à Malcolm. Ce dernier devra faire des efforts pour gagner notre empathie. En plus, il démarre sa vie littéraire sur des enquêtes lourdes, complexes, poisseuses à souhait. Et il en rajoute une belle couche en nous faisant remonter un pan entier de l'histoire moderne du nationalisme écossais ! (sujet d'actualité avec le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse qui se déroulera le 18 septembre 2014). Sans compter que ce n'est pas une gageure pour Ian Rankin de vouloir nous faire aimer un personnage au service de l'espèce la plus honnie de la police : Les Plaintes, notre équivalente de l'IGS (Inspection Générale des Services en France).
Au final, il faut parfois s'accrocher un peu pour suivre certaines étapes de l'enquête menée dans Les Guetteurs. Mais la récompense est au bout. En quittant Rebus après 20 ans, Ian Rankin n'a pas choisi la facilité, et sans aucun doute il l'assume. Ça vaut qu'en même la peine pour le lecteur de faire aussi un peu d'effort.
A retenir : Ian Rankin nous offre une belle expression dans Les Guetteurs, à n'utiliser que le vendredi : "POETS" ("Piss Of Early, Tomorrow's Saturday" ; soit "Casse-toi de bonne heure, demain, c'est samedi".
Notice de l'éditeur :
Malcolm Fox et son équipe des Plaintes – la police des polices en Écosse – sont envoyés dans le comté de Fife pour enquêter sur une affaire a priori assez banale d’abus de pouvoir d’un détective local, Paul Carter. Fox cherche à prouver que ses collègues on tout fait pour le couvrir pendant des années. Le piment de l’affaire, c’est que c’est l’oncle de Carter, un ancien inspecteur dans le même commissariat, qui l’a dénoncé.
Ce qui s’annonçait comme une simple enquête va se compliquer très vite avec intimidations, dissimulation de preuves et faux témoignages. L’oncle de Carter est assassiné avec une arme qui a une histoire macabre : elle a servi au suicide d’un homme soupçonné de terrorisme en 1985.
Fox va mener son investigation et se retrouver plongé dans l’histoire politique tourmentée de l’Écosse des années 1980. Ce dont il ne peut se douter, c’est que les réponses qu’il va pêcher dans l’histoire de l’Écosse le mèneront tout en haut de la hiérarchie politique anglaise et mettront sa vie en danger.