Peut-on qualifier Les Jaloux de roman policier, de roman noir ? S’il y a bien un meurtre, il figure en arrière-plan du récit et n’intéresse qu’à la marge les protagonistes. Le personnage principal, le jeune Aaron Holland Broussard (un lointain membre du clan Holland) se préoccupe plus de traquer les injustices, de protéger ses proches et surtout de convoler avec sa belle conquête.
Dans sa vision d’adolescent, il décrit les rapports sociaux dans le Houston des années 1950. Ceux avec les adultes : parents, flics, membres du personnel enseignant, mafieux. Mais surtout ceux avec les autres adolescents, divisés en catégories selon leur appartenance à une classe sociale ou à une communauté.
Les adultes vivent avec leur passé, encore marqué par la Grande guerre de 1914-1918 et dans une moindre mesure celle de 1939-1944. Des jeunes voient par contre la guerre comme un échappatoire à leur condition, cherchant à s’engager dans celle de Corée.
On ne rencontrera donc pas dans Les Jaloux Dave Robicheaux ou Hank Holland. Le seul détective charismatique entre-aperçu, Morton Jenks, malade, s’apprête à enfiler ses chaussons de retraité. On connaîtra peut-être mieux James Lee Burke, certains aspects du roman pouvant se révéler autobiographiques ou tout du moins faire partie de ses souvenirs de jeunesse (Aaron a le même âge que James Lee Burke et l’action se déroule à Houston, ville de naissance de l’auteur).
Dans Les Jaloux, comme dans ses précédents romans, James Lee Burke nous gratifie de sa belle écriture, de son attachement profond à ses personnages et ici à leurs rêves d’adolescents, qu’ils soient blancs, métisses, catholiques, juifs, riches, pauvres, ou « greasers » affublés de leurs coiffure en queue de canard…
Notice de l'éditeur
A Houston, dans les années 1950, le jeune Aaron Holland Broussard fait un rude apprentissage de la vie, entre trafics de drogue et familles mafieuses, sur fond de romance contrariée. Burke poursuit la saga de la famille Holland au Texas. Un roman noir social qui expose les fractures de classe de l’Amérique de l’après-guerre. Burke poursuit sa réflexion sur la violence humaine dans un livre encadré par la présence de deux guerres (la «Grande Guerre» où a combattu le père d’Aaron et la guerre de Corée, contemporaine de l’histoire).