Les nuits de Reykjavik ou la vie quotidienne d'un flic presque ordinaire islandais.
Ordinaire la nuit, car membre d'une patrouille qui sillonne les rues de la capitale, avec son lot d'interventions pour arrêter une bagarre dans un bar, des violences conjugales, des ivrognes au volant et quelques cambrioleurs de bas étage.
Extraordinaire aussi, car Arnaldur INDRIDASON offre une préquelle des aventures d'Erlendur, futur inspecteur de la criminelle mais à ses début simple policier en uniforme. Au delà du côtoiement de la misère et des petits trafics, Erlendur se distingue par sa sensibilité envers les pauvres, les clochards, bref les laissés pour compte et les cassés de notre monde moderne. Avec lui, eux aussi ont droit à l'écoute et à un traitement, sinon à une justice, équitable, du-t-il y passer ses jour de repos et délaisser sa vie personnelle.
Mais si la vision d'Erlendur est humaniste, elle est loin d'être révolutionnaire. Les maux sont présents et personne ne semble fondamentalement ne pouvoir les modifier. Chez lui, on ne peut être policier et révolté. Si Erlendur est sensible à son environnement, il contrôle ses émotions et n'exprime quasiment aucune spontanéité et contradictoirement peu d'empathie envers ceux qui lui sont proches.
Les inconditionnels d'Erlendur apprécieront, avec ce retour aux origines, de mieux connaître leur héros. Les autres pourraient le laisser sur leur chemin, vu la faiblesse de l'intrigue et de sa résolution. Arnaldur INDRIDASON montre que l'Islande n'est pas une ile de rêve malgré ses sublimes paysages et sa population limitée. Elle est rattrapée en permanence par les dérives de la mondialisation.
Un livre à ne pas lire dans une période de déprime, même si son écriture accroche et nous donne envie de retrouver la suite de la destinée d'Erlendur, commencée - en France - dix ans plus tôt ! (La cité des jarres, Editions Métailié, 2005).
notice de l'éditeur :
Erlendur le solitaire vient d’entrer dans la police, et les rues de Reykjavik dans lesquelles il patrouille de nuit sont agitées : accidents de la circulation, contrebande, vols, violences domestiques… Des gamins trouvent en jouant dans un fossé le cadavre d’un clochard qu’il croisait régulièrement dans ses rondes. On conclut à l’accident et l’affaire est classée. Pourtant le destin de cet homme hante Erlendur et l’entraîne toujours plus loin dans les bas-fonds étranges et sombres de la ville. On découvre ici ce qui va faire l’essence de ce personnage taciturne : son intuition, son obstination à connaître la vérité, sa discrétion tenace pour résister aux pressions contre vents et marées, tout ce qui va séduire le commissaire Marion Briem. En racontant la première affaire d’Erlendur, le policier que les lecteurs connaissent depuis les premiers livres de l’auteur, Arnaldur Indridason dépasse le thriller et écrit aussi un excellent roman contemporain sur la douleur et la nostalgie. De roman en roman, il perfectionne son écriture et la profondeur de son approche des hommes. Un livre remarquable.