Un roman policier préfacé par un historien ? Ce n'est pas fréquent et mérite d'être signalé (préface d'Eric ALARY). En 1940, l'épuration de la police française débute. Ses éléments attachés à la démocratie et à la république sont progressivement bannis par la frange fasciste et antisémite de cette institution qui apportera rapidement son appui à l'occupant allemand. Ce rappel reste toujours sensible de nos jours et en ce sens l'éclairage de l'historien est le bienvenu.
Mort d'un sénateur développe une intrigue policière traditionnelle au cours de cette période, faisant intervenir des policiers épris de justice, des policiers véreux, des suspects et un coupable, à découvrir... Aussi le lecteur non féru d'histoire y trouvera largement son compte. Le lecteur plus intéressé s'arrêtera sur les aspects peu reluisants de notre histoire nationale, encore peu évoqués même 80 ans après. Citons en vrac l'exode, la fuite d'une partie du gouvernement Reynaud vers Tours puis vers Bordeaux, le complot du Massilia, l'impunité des membres de l'organisation fasciste de la Cagoule.
Le livre s'attache à restituer avec soin les ambiances régnantes dans une ville de province en zone libre, ici Clermont-Ferrand et dans une ville en zone occupée, Paris. D'un côté la population subit l'application des décrets pétainistes réduisant chaque jour un peu plus les libertés et de l'autre le poids de l'occupation allemande. Un point commun les réunit : les restrictions sont partout à l'ordre du jour, même dans les traditionnels restaurants parisiens !
Pascal CHABAUD apporte une touche populaire du roman historique à l'aune de la collaboration pleine et entière des corps de l'Etat français aux nazis, complémentaire, par exemple, à celle de la série de l'inspecteur Sadorski de Romain SLOCOMBE (L'affaire Léon Sadorski). Si l'on ajoute la version du flic confronté à la montée du nazisme outre-Rhin de Philip KERR, on commence à entrevoir une image bien précise de la police entre 1939 et 1945.
Notice de l'éditeur
Juillet 1940. L’inspecteur Joseph Dumont de la 6e brigade mobile, durement éprouvé par la mort de sa femme enceinte fauchée par un automobiliste, enquête sur l’assassinat du sénateur Etienne Ferrand, retrouvé le crâne défoncé dans une chambre de l’hôtel Carlton. Ce Grand Maître franc-maçon opposé au régime de Vichy détenait des documents gênants pour le pouvoir. La piste du complot politique est aussitôt privilégiée. De faux-semblants en rebondissements, la quête de la vérité s’avère difficile, périlleuse, voire dangereuse : tandis que Ferrand a fort à faire entre ses investigations sur la mort de sa femme et sur celle du sénateur, son supérieur, le commissaire Champeix est assassiné et son ami et collègue de la police scientifique, Nestor Bondu, échappe à une tentative de meurtre. En ces temps troublés, sur fond d’espionnage industriel et de sociétés secrètes, Pierre Laval place ses hommes dans la police et à tous les niveaux de l’Etat. Dumont ne sait plus à qui faire confiance. Ballotté dans les remous de l’Histoire en marche, Dumont devra jouer sa partition sans se laisser entraîner sur des chemins de traverse. Car les apparences sont parfois trompeuses, jusqu’au dénouement des plus inattendu…