Associer histoire avec un grand H et histoire criminelle n'est pas chose facile. "Passage de l'Avenir, 1934" s'y essaye mais avec un résultat plutôt décevant. C'est dommage car le thème est parfaitement choisi. Il décrit les conditions de travail des ouvrières d'une raffinerie de sucre implantée en plein 13ème arrondissement de Paris. En toile de fond on assiste à la montée en puissance des mouvements ouvriers contre l'exploitation capitaliste et les ligues fascistes.
Dans ce contexte, l'intrigue "polar" se révèle légère et ne sert que de prétexte au récit historique. L'auteur semble hésiter en permanence entre les deux. Quitte à en privilégier une, il aurait été préférable de s'engager pleinement sur le volet historique de cette période souvent peu abordée. Alors qu'il cite abondamment les figures dominantes de l'époque, pourquoi omettre de préciser que les Raffineries de la Jamaïque appartiennent à la famille SAY, fondatrice de ce qui sera le groupe sucrier BEGHIN SAY ? Pourquoi ne pas citer en fin d'ouvrage, parmi les personnalités citées, celles qui ont inspiré vraisemblablement une partie de l'ouvrage, à savoir les ouvrières Camille et Jeanne ? (« Camille et Jeanne, ouvrières à la raffinerie Say » dans Bulletin du Centre d’histoire de la France contemporaine [Université Paris X-Nanterre], n°11, 1990, p. 49-59.)
"Passage de l'Avenir, 1934" s'annonce comme le premier volume d'une saga. Espérons que la suite aura pris plus d'engagement.
Notice de l'éditeur
Avec Passage de l’Avenir, 1934, Alexandre Courban livre le premier volume d’une série policière et historique prenant place dans le Paris des années 30, les années du Front populaire, qui débute alors que le corps d’une jeune fille est repêché dans la Seine à l’hiver 1934. L’enquête, menée par le commissaire Bornec et Gabriel Funel, journaliste à L’Humanité, les plongera dans les tréfonds de l’âme humaine sur fond de machination politique et économique de grande ampleur dans un contexte de manifestations de la gauche préfigurant l’arrivée au pouvoir du Front populaire deux ans plus tard.
Prenant le parti de raconter le quotidien des oubliés de l’histoire, au premier rang desquels on trouve les femmes, les ouvriers ou les étrangers, le roman, fruit d’un important travail de recherche, donne à voir et à entendre le Paris dans les années 30 dans toute sa diversité, y compris celui des zones périphériques pas encore intégrées à la capitale à cette époque.