Avec son style détaché - si british - John LE CARRE dissèque, comme dans un roman d'espionnage de la guerre froide, les rapports entre la diplomatie britannique, l'armée de Sa Couronne et les armées privées. Son livre aurait pu s'appeler "leur morale et la nôtre" si ce titre n'avait pas déjà été pris...
Les quelques valeurs ont complètement disparues sous les règnes du couple Blair - Bush avec la privatisation des conflits, la recherche du maximum de profit à court terme, et ce sous n'importe quel prétexte. Heureusement, quelques citoyens deviennent, souvent malgré eux, lanceurs d'alerte, sacrifiant par là-même brutalement leur vie sociale, voire leur vie tout court, pour conserver leur conscience.
Avec la délicatesse qui est la sienne, John LE CARRE ne signe pas avec Une vérité si délicate un nième essai dénonçant les dérives militaro-financiers du néo-libéralisme mais un réel roman, policier et d'espionnage, des temps modernes.
Notice de l'éditeur
2008. Le rocher de Gibraltar, joyau des colonies britanniques, est le théâtre d’une opération de contre-terrorisme menée par un commando anglais et des mercenaires américains. Nom de code : Wildlife. Objectif : enlever un acheteur d’armes djihadiste. Commanditaires : un ambitieux ministre des Affaires étrangères et son ami personnel, patron d’une société militaire privée. Kit Probyn, un diplomate candide, est sommé d’être le téléphone rouge du politicien. L’opération est si délicate que même le secrétaire particulier du ministre, Toby Bell, est tenu à l’écart.
2011. Kit Probyn, désormais retraité, convoque Toby Bell dans son manoir de Cornouailles. Toby doit choisir entre sa conscience et sa loyauté de serviteur de l’État. Or si la passivité des hommes honnêtes suffit à faire triompher le mal, comment pourra-t-il garder le silence ?
D’une actualité brûlante ? l’affrontement entre chrétienté et islam ?, Une vérité si délicate, vingt-troisième roman de l’auteur, est percutant, resserré comme un poing. Magistral.