Pas le temps de souffler. Dès les premières lignes, Helen ZAHAVI, pardon, Bella, interpelle et nous interpelle. Pas moyen d'y échapper. Bella fait partie de l'espèce des perdantes, de celles qui ne sont "pas douées pour la vie". Elle se range parmi les victimes, parmi les gentilles qui cèdent à tout en espérant que ce sera pour elle la garantie de vivre en paix. Bella a la malchance d'être attirante aux yeux des hommes. Petite chose fragile et en même temps salope, pute, objet de désir méprisable, bonne à frapper avant, pendant ou après avoir assouvi ses fantasmes.
Cette écriture nous bouscule. Nous n'y sommes peu habitués. Alors au début il y a presque une réaction de recul, de surprise devant ce style qui apparait au premier abord facile car puisé dans la rue, jailli de la bouche d'une femme perdue ; ce style parsemé d'interrogations et de répétitions, tel un mantra. Puis on se prend au jeu, on vit au rythme imposé par Bella en suivant avec curiosité et angoisse le cours de sa brusque mutation.
Merci à Libretto de faire redécouvrir cette auteure et ce roman paru en France il y a presque vingt ans. Il a fait scandale à son époque, inversant les rôles, et il reste toujours, hélas, par bien des aspects actuel.
Notice de l'éditeur
Bella en a assez. Bien que discrète, elle ne supporte plus le voyeurisme de son voisin, la main baladeuse de son épicier de quartier. Elle ne souffre pas davantage les comportements malsains que génère la promiscuité de son train de banlieue aux heures de pointe.
C'est alors qu'elle décide par un beau matin, elle si discrète, de mettre un terme à ces conduites de la manière la plus radicale qui soit : l'élimination de tous ces mâles déviants. Devenue tueuse en série, Bella y prendra un plaisir jusque-là insoupçonné... Les rôles seront dès lors inversés. Roman d'une violence rare sur les rapports de domination, il sera le dernier livre de littérature à faire l'objet d'une demande d'interdiction pour immoralisme à la Chambre des lords lors de sa parution en 1991.
Il a été adapté au cinéma par Michael Winner en 1993.