QIU Xiaolong relate de façon romancée le scandale de Bo Xilai, ancien ministre et haut responsable du Parti communiste chinois, accusé de corruption et de détournement de fonds en 2012. Il avait été auparavant à la tête de la lutte anti-corruption et chantre d'un retour à une nouvelle révolution culturelle. Au détour des pages, QIU Xiaolong évoque aussi le scandale des cadavres de porcs retrouvés descendant le fleuve Huangpu et passant au cœur de Shanghai. C'est dans ce contexte que se déroule l'enquête de l'ex-enquêteur Chen, démis de ses fonctions dans la police pour être "promu" comme responsable d'une commission honorifique.
Comme toujours avec QIU Xiaolong, le roman policier sert de fil conducteur pour expliquer la vie dans la Chine d'aujourd'hui, noyée dans ses scandales, ses rumeurs, ses dénonciations sur Internet. Seul point immuable : la toute puissance de l'appareil du Parti communiste chinois, qui peut faire et défaire du jour au lendemain pouvoirs et fortunes. L'exil apparaît paradoxalement comme la seule issue pour les riches corrompus et ceux qui les dénoncent. Pour les "gros sous", le mouvement est déjà bien enclenché : études à l'étranger pour les enfants, ouvertures de comptes bancaires aux USA ou à Dubaï. Pour les incorruptibles comme Chen, c'est plus compliqué, surtout quand on reste attaché à son pays.
Et Tigre bleu, dragon blanc ne serait pas un roman de QIU Xiaolong sans des poèmes, une immersion dans les traditions et toujours de fameuses descriptions de plats chinois !
Notice de l'éditeur :
Stupeur à la brigade des affaires spéciales de la police de Shanghai. Sous couvert d’une promotion ronflante, l’inspecteur Chen est démis de ses fonctions. Après tant d’enquêtes menées contre les intérêts du pouvoir, pas étonnant qu’on veuille sa peau. Forcé d’agir à distance, inquiet pour sa vie, Chen affronte l’affaire la plus délicate de sa carrière tandis qu’à la tête de la ville, un ambitieux prince rouge et son épouse incarnent le renouveau communiste. Alors que dans les rues résonnent les vieux chants révolutionnaires, ambition et corruption se déclinent plus que jamais au présent. Avec une amère lucidité, Qiu Xiaolong réinterprète à sa manière le scandale Bo Xilai qui secoua la Chine en 2013.