Les romans noirs brésiliens sont rares, ou encore peu diffusés en France. Aussi quand un vous passe entre les mains vous n'hésitez pas à le prendre pour le découvrir. Feu Follet se déroule dans l'agglomération de São Paulo. Il met en scène le suicide (ou le meurtre ?) d'un célèbre acteur en pleine représentation théâtrale. C'est le point de départ des investigations d'Azucena, responsable de la police scientifique, ex membre de la brigade criminelle.
Feu follet, au travers de cette enquête, s'attache tout d'abord à raconter la vie dans le microcosme du spectacle et plus particulièrement celle de la téléréalité. Il décrit également le quotidien des femmes en général dans la société brésilienne, et plus particulière celle d'une policière dans son environnement plus que machiste qu'est celui de la police. Comme dans la plupart des pays, mener de front vie professionnelle et vie familiale s'avère un exercice périlleux, souvent plus complexe que la résolution d'enquêtes criminelles. Au final peu de différences apparaissent entre la vie de cette classe moyenne supérieure brésilienne et celle de nos sociétés occidentales. A part quelques particularités locales, cette histoire aurait pu se passer en Europe.
Pour nous, lecteurs français, il est amusant de remarquer dans Feu Follet le nombre de références à notre culture, avec en tout premier lieu celles à Drieu la Rochelle. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Patricia MELO choisit comme titre Feu Follet, titre d'un roman de Drieu La Rochelle dont elle s'est en partie inspiré.
Côté écriture, j'ai eu quelques difficultés à m'accrocher à ce roman, porté par un rythme assez lancinant. Côté récit, entre les déboires conjugaux de l’héroïne et de l'acteur et leurs rapports avec leurs environnements familiaux et professionnels, l'intrigue est mince.
Feu follet est-il représentatif du polar brésilien ? La musicalité de l'écriture est-elle spécifique à Patricia MELO ? Il faudra lire d'autres auteurs brésiliens pour pouvoir répondre à ces questions.
Notice de l'éditeur
Dans un théâtre de São Paulo, le rideau va se refermer sur la première de l’adaptation du Feu follet de Drieu la Rochelle. Le public retient son souffle, bluffé par la performance de l’acteur principal, tombé au sol après s’être tiré une balle dans la tête. Une mort si magistralement mise en scène que des éclats de cervelle sont projetés sur les fauteuils capitonnés du premier rang. Homicide, accident ou suicide ? L’homme, connu pour ses frasques, combinait narcissisme pathologique et dysfonctionnement érectile, un mélange détonant lorsqu’on est une vedette populaire. Qui aurait eu intérêt à sacrifier la “poule aux œufs d’or” ? L’épouse humiliée, ravissante idiote qui se damnerait pour remporter un reality show ? Les admiratrices éconduites ? Les paparazzis en quête de scoop ?
Il incombe à Azucena, la responsable du service scientifique de la police, de trouver les réponses, alors même qu’au sein des forces de l’ordre un groupe d’exterminateurs semble s’être donné pour mission de “nettoyer” la ville.
La jeune femme se bat sur tous les fronts, et avoir malencontreusement surpris sa sœur cadette dans la chambre conjugale n’est pas le moindre de ses soucis.
Patrícia Melo renoue ici, non sans humour, avec le milieu vicié de la jungle urbaine, qu’elle sait dépeindre à merveille : des institutions viles et corrompues, des âmes turpides avides de reconnaissance et de pouvoir, l’éternel “spectacle” de la misère humaine.