Il y a des bons, des brutes et beaucoup de truands. Il y a des justiciers presque solitaires et il y a des victimes, beaucoup de victimes. Mais contrairement au western de Sergio LEONE, il n'existe pas de musique à laquelle se raccrocher et aucune histoire d'amour, ou si peu.
Dans cette toute jeune république de Slovaquie, les laissez pour compte sont légion, avec en tout premier lieu le peuple tzigane, sédentarisé et parqué dans les cités lugubres et délabrées héritées de la période soviétique. Dans ce vivier de misère, les trafics pullulent, des cigarettes aux hommes. Des jeunes filles sont enlevées pour être envoyées dans les bordels tenus par les albanais ; les migrants en route vers l'Europe occidentale sont des marchandises, de véritables machines à cash pour les mafias. Tous ces trafics sont protégés à tous les niveaux par les autorités, du flic de base au Gouverneur en passant par les douaniers, les avocats et les juges, sans oublier les services secrets. Tout ce beau monde prélève son pourcentage, sauf une poignée d'incorruptibles dont deux flics et un journaliste.
Arpad SOLTESZ, lui-même journaliste, aurait pu écrire ce livre sous la forme d'un essai. Il a choisi le format de roman, préférant mélanger à la réalité un peu de fiction pour tenter d'adoucir un peu cette situation. Le roman, même noir, est plus devenu aujourd'hui plus percutant que des sommes de témoignages souvent vite oubliés. Mais attention, il n'est pas toujours facile à lire, nécessitant entre autre de se familiariser aux noms slovaques et au style cru du journaliste.
Il était une fois dans l'Est est un roman dur, sans concession, ni pour le régime, ni pour le lecteur. Arpad SOLTESZ nous ouvre les yeux sur cette communauté tzigane méprisée, sur cette Europe qui détourne pudiquement le regard sur ce régime en se contentant de verser des subventions qui enrichiront un peu plus les corrompus. Ce livre est également et avant tout un hommage à Jan KUCIAK, un des premiers journalistes à avoir enquêté et publiquement dénoncé ce pouvoir, assassiné en 2018 avec sa compagne Martina KUSNIROVA dans ce pays discret mais pas si paisible.
Notice de l'éditeur
Fin des années 1990, dans l’est sauvage de la Slovaquie.
Veronika, 17 ans, est enlevée par deux hommes alors qu’elle fait du stop. Après l’avoir violée, les deux malfrats prévoient de la vendre à un bordel au Kosovo. Mais la jeune fille s’échappe, puis porte plainte auprès de la police locale. C’est alors que les choses se compliquent : les kidnappeurs semblent bénéficier de protections haut placées, et l’enquête piétine… Aidée de Pavol Schlesinger, le journaliste qui raconte son histoire, Veronika tente d’échapper aux trois plus grands groupes criminels de l’époque : la police, la justice et les services secrets. Réfugiée dans un hôtel désert à la frontière ukrainienne, elle fait la connaissance du mystérieux Robert, qui l’initie à la fabrication des bombes.
Car si elle ne peut obtenir justice, Veronika refuse de laisser impunis ses tortionnaires.
Et la vengeance est un plat qui se mange froid…
Puisant dans les nombreuses affaires qu’il a pu suivre comme journaliste lorsqu’il couvrait les mafias de l’Est, Arpad Soltesz dresse un tableau noir et âpre des brutales années 1990 et du capitalisme sauvage qui a suivi la chute du communisme.