C'est d'abord un chien qu'on assassine, le meilleur et le seul ami de Julius : Hobbes. Julius Winsome vit seul dans sa maison au fond de la forêt du Maine, à la lisière de la frontière canadienne. Alors la perte de son compagnon l'entraîne dans une paranoïa du complot, une véritable spirale meurtrière. Chaque chasseur, et ils ne manquent pas, devient le tueur potentiel et doit payer.
Cette histoire d'amour et de vengeance n'est pas un roman d'horreur comme ce résumé pourrait le laisser imaginer. Juste un roman noir. Il est aussi une véritable ode à la littérature et à la passion des mots car Julius vit entouré de trois mille deux cent quatre-vingt-deux livres exactement, héritage légué par son père avec ce chalet et un vieux fusil anglais de haute précision datant de la première guerre mondiale, un Lee-Enfield modèle 14. Gérard DONOVAN nous fait partager cette passion avec Shakespeare en rôle principal, grand créateur de mots nouveaux comme "chafouin" (hypocrite), "calamite" (crapaud), "cabasser" (tromper) ainsi que "meurtri" pour tué et "escouppette" pour arme à feu portée en bandoulière. Sans oublier au passage Hobbes, un nom qui n'est pas issu du hasard...
A la fin de cet attachant roman on sera peut-être surpris de penser à Hobbes lorsque l'on croisera un chien dans les bois et à une certaine forme de liberté lorsque l'on entendra le terme de "sniper".
Notice de l'éditeur
Julius Winsome, quinquagénaire, vit solitaire dans un chalet au cœur de la forêt du Maine. Fils et petit-fils d’anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence, Julius ne chasse pas, contrairement aux hommes virils de la région. Il préfère chérir ce que son père aimant lui a légué : les milliers de livres qui tapissent son chalet et le Lee-Enfield, ce fusil rapporté par son grand-père anglais des tranchées de la Première Guerre mondiale. Son unique compagnon est son chien Hobbes. La mort de ce dernier, abattu par un chasseur, déclenche chez cet homme doux une fureur meurtrière. Les balles crépitent alors dans la forêt enneigée.
Julius Winsome est l’histoire tendue et émouvante d’un « étranger » à la fois hypersensible et détaché, amoureux de la langue et misanthrope. Avatar du Meursault de Camus qui tuait « à cause du soleil », Julius Winsome tue à cause de la neige, symbole de pureté et de deuil.
Écrit dans un style puissant et poétique, ce récit d’amour, de vengeance et de mort est à l’image du paysage, âpre, froid, cinglant. C’est aussi un hymne à la nature et à ses créatures sauvages.