Philip KERR continue de nous perdre, de jouer à Retour vers le futur avec les aventures de son policier détective Bernie Gunther. Après avoir enquêté en 1943 sur le massacre de la forêt de Katyn dans son précédent roman (Les ombres de Katyn), il nous propulse en 1956 sur la Côte d'Azur où Bernie raconte son histoire avant son départ pour Smolensk et après son retour, du temps où il officiait pour le compte du Bureau des Crimes de Guerre.
Mais ces allez-retours historiques n'entravent pas la lecture. La dame de Zagreb est lisible même pour les lecteurs ayant raté un épisode de la vie trépidante de notre capitaine.
Philip KERR mêle toujours efficacement enquêtes purement policières autour de quelques meurtres (mais qui s'en préoccupe fait remarquer Bernie, quand les dirigeants de la police font partie des plus grands meurtriers), voyages dans les zones de guerre (La Croatie) et les zones neutres (La Suisse), rencontres avec des personnages historiques. Parmi ces derniers se trouvent en premier lieu le ministre de la propagande Joseph Goebbels et le responsable des Services Secrets allemands, le général Walter Schellenberg. Mais au détour d'une phrase Bernie va aussi croiser le futur chancelier autrichien Kurt Waldheim, le futur directeur de la CIA Allen Dulles et bien d'autres...
Il soulève également le voile sur quelques épisodes moins connus de l'histoire de la Seconde guerre mondiale comme le terrible rôle des oustachis, combattants croates alliés aux nazis, ayant à leur tête d'anciens moines franciscains, qui ont exterminé des milliers de juifs, de serbes et de tziganes dans des camps de la mort comme celui de Jasenovac.
Bernie Gunther raconte tout les épisodes de sa vie sur le ton qui est le sien et qui qui séduit depuis son arrivée dans la Trilogie berlinoise, avec un équilibre parfaitement maîtrisé entre récits historiques, résolution de crimes et, bien sûr, flammes amoureuses. Les femmes y jouent un rôle incontournable, et le dame de Zagreb n'y fait pas exception. Mais en 1956 Bernie commence à se faire vieux. Ses aventures se poursuivront-elles ? Heureusement il doit avoir encore plein de souvenirs à raconter, et il y a encore quelques trous dans sa biographie !
Notice de l'éditeur :
Été 1943. Il y a des endroits pires que Zurich, et Bernie Gunther est bien placé pour le savoir. Quand Joseph Goebbels, ministre en charge de la propagande, lui demande de retrouver l’éblouissante Dalia Dresner, étoile montante du cinéma allemand qui se cache d’après la rumeur à Zurich, il n’a d’autre choix que d’accepter. Mais, très vite, cette mission en apparence aussi aguichante que l’objet de la recherche, prend un tour bien plus sinistre. Car le père de Dalia Dresner est en fait un croate antisémite de la première heure, sadique notoire, qui dirige un tristement célèbre camp de concentration de la région. Et la police suisse exige au même moment que Gunther fasse la lumière sur une vieille affaire qui risque de compromettre des proches de Hitler.
La Femme de Zagreb est une histoire formidable, extrêmement bien documentée sur cette période cauchemardesque, avec son héros cynique, attachant, et toujours aussi indomptable.