Après la brume du Pô (Le fleuve des brumes), le commissaire Soneri enquête en plein brouillard dans la ville de Parme. Et du brouillard, il y en a beaucoup, pas seulement dans les rues, Parme n'ayant semble-t-il rien à envier à Londres en hiver. On en trouve aussi dans le cerveau du commissaire. A la complexité de l'enquête en elle-même, le meurtre d'une vieille tenancière d'une pension à l'origine logeant des étudiants et devenue au cours des ans un hôtel pour couples recherchant la discrétion, s'ajoute le choc d'un violent retour dans le passé. Très vite, c'est sur ces deux fronts que le commissaire devra investiguer, et celui sur sa jeunesse ne sera pas le plus aisé.
Ici, pas d'objectivité, pas de démarche cartésienne. Nous accompagnons Soneri dans ses pensées sautillantes, dans ses divagations et ses brusques changements d'humeur. Quand chacune de ses interrogations déclenche l'émergence de sentiments refoulés, démêler les fils pour retrouver le coupable passe au second plan. Et puis chez Soneri être cartésien n'entre pas dans sa nature : l'instinct prime sur la raison.
Lorsqu'il avance dans son passé enfoui, Valerio VARESI parvient à nous faire partager la nostalgie du commissaire. Remonter dans les traces de son ancienne vie c'est aussi prendre le risque d'être déçu. Soneri en a bien conscience quand il dit : "ne jamais revenir sur les lieux où on a eu de bons souvenirs de jeunesse".
A côté du roman purement policier et de la description de la société italienne d'aujourd'hui et de celle des années 1970-1980, ou plus exactement de celle de la région d'Emilie-Romagne, La pension de la via Saffi touche parfois à la réflexion philosophique sur le sens de notre vie, sur la place et l'importance de la jeunesse qui conditionne toute notre existence. Avec douceur et avec tact, l'auteur nous rappelle que, comme Soneri, tout est prétexte pour enquêter en priorité sur une chose : soi-même.
Notice de l'éditeur
"Les villes sont comme les enfants, elles changent d'année en année et si tu restes un moment sans les voir, tu ne les reconnais plus. Mais au fond, ce sont toujours les mêmes."
À quelques jours de Noël, alors que la morsure du froid envahit Parme, Ghitta Tagliavini, la vieille propriétaire d’une pension du centre-ville est retrouvée assassinée dans son appartement. L’enquête est confiée au commissaire Soneri mais cette affaire fait ressurgir un drame enfoui : c’est dans cette pension pour étudiants de la via Saffi qu’il rencontra jadis sa femme, Ada, tragiquement disparue peu après leur mariage.
En s’enfonçant dans le brouillard épais comme on traverserait un miroir, Soneri va découvrir un univers bien plus sordide que ses souvenirs. L’aimable logeuse se révèle être une femme sans scrupules, enrichie par la pratique d’avortements clandestins et derrière la modeste pension, se cache en réalité un monde vivant de haine et de chantage, frayant avec le cynisme de cercles politiques corrompus.
Pour trouver l’assassin, le commissaire devra se confronter à l’épreuve du temps et à la vérité sur la vie et la mort d’Ada. Car qui est cet homme qui pose à côté d’elle sur cette photographie jaunie ?