La sirène qui fume renouvelle le genre qui fit le succès des polars français au cours des années 1960-1970. Tout tourne autour de l'adresse du 36 quai des Orfèvres, en passe de devenir mythique depuis que la police judiciaire (PJ) a emménagé dans ses nouveaux locaux high tech de la porte de Clichy. La guerre des polices est réactualisée. Les enquêtes se chevauchent entre les services, les conflits éclatent au grand jour entre PJ, Brigade de recherche et d'intervention (BRI), Brigade de répression du banditisme (BRB), Brigade de répression du proxénétisme (BRP), Affaires internes, Brigade de protection des mineurs (BPM)... Au final, les pratiques n'ont pas véritablement changées entre 1960 et 2011, le grand banditisme corse est toujours présent, affrontant des bandes différentes que trente ans auparavant, mais étant toujours aussi efficace pour conserver ses relations protectrices.
Il n'y a pas de héros ici, même si dans leur conscience ou ce qu'il en reste, la recherche de la justice prévaut sur les petites ou grandes magouilles et compromissions. A l'exception de quelques cas, la morale est bien loin. S'il faut chercher des excuses dans les dérives de cette profession policière, l'auteur en suggère quelques unes : pressions constantes de la hiérarchie, vies familiales détruites, proximité nécessaire avec le milieu pour recruter des indics, politique du chiffre avec obligation de résultat. Les conséquences en sont proportionnelles, se traduisant par un recours accru aux médicaments, à l'alcool et à la drogue, auquel s'ajoute la tolérance vis à vis de certains trafics. Aussi, entre détourner le regard et participer à des actions illégales, la frontière au fil des ans s'avère de plus en plus mince.
La sirène qui fume est un polar cru, violent. On espère ardemment que les choses ne se passent pas ainsi dans la vie réelle, y compris pour les "smicards" de la profession que sont les "baceux" et les flics de rue, considérés avec dédain par l'aristocratie du 36. La Sirène qui fume mérite son prix attribué par la revue Sang froid (un prix littéraire de plus...) et mérite surtout d'être lu. Benjamin DIERSTEIN fait partie des nouveaux auteurs à suivre. Son style rejoint le style des séries télévisuelles policières françaises de qualité, sans fioritures, comme Engrenages ou Mafiosa.
Notice de l'éditeur
Mars 2011. La campagne présidentielle bat son plein, plus d'un an avant les élections. Le capitaine Gabriel Prigent débarque à la brigade criminelle de Paris après avoir vécu un drame à Rennes. Obsédé par l'éthique, il croise sur son chemin le lieutenant Christian Kertesz de la brigade de répression du proxénétisme, compromis avec la mafia corse et tourmenté par un amour perdu.
Alors qu'éclate une sordide histoire d'assassinats de prostituées mineures, ils plongent tous les deux dans une affaire qui rapidement les dépasse. Poursuivis par leurs propres obsessions et les fantômes qui les hantent, Prigent et Kertesz vont se livrer un duel sans merci, au cœur de la barbarie et des faux-semblants du monde contemporain.