J'avais quitté Romain SLOCOMBE après sa période japonaise, féru de photographie et de belles étudiantes asiatiques. C'était au début des années 2000 dans la Série Noire (Un été japonais, Brume de printemps). Je le retrouve aujourd'hui à Paris et à Berlin, au cœur de la Seconde guerre mondiale. Ces deux périodes littéraires sont reliées par un point commun : la dénonciation des extrêmes droites.
Au Japon, ces groupes étaient de connivence avec les mafias, les yakuzas et les sectes terroristes. En France, ils marchent la main dans la main avec l'occupant, Gestapo en tête, et s'acoquinent volontiers avec le petit et le grand banditisme.
Il faut tout le talent de Romain SLOCOMBE pour prendre comme personnage principal un flic des Renseignements Généraux à la fois collaborateur, antisémite, vicieux et corrompu et parvenir à le faire presque adopter par ses lecteurs, ou tout du moins à ce que ceux-ci s'intéressent de près à ses aventures tout en éprouvant de la répulsion pour ses pensées, pour ses attitudes et pour ses actes. C'est parce que peut être il lui reste épisodiquement quelques sursauts d'humanité, même involontaires, comme face à la détresse des habitants lors de la débâcle de l'exode ou encore un peu de conscience professionnelle pour résoudre un crime impuni. Cependant aucune excuse n'existe pour ce français œuvrant, comme la majorité de la police, pour le compte des nazis. Aucune excuse n'est faite non plus envers les milieux de la haute bourgeoisie parisienne et des artistes qui profitèrent sans vergogne des largesses des allemands.
Romain SLOCOMBE signe un livre passionnant, qui dérange car il plonge dans le passé peu glorieux qu'une grande partie de la France préférerait oublier. L'affaire Léon Sadorski est aussi et avant tout un roman policier qui emprunte, comme le montre son importante bibliographie en fin d'ouvrage, une partie de ses lettres au livre d'histoire, ouvrant ainsi d'autres chapitres pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette très sombre période.
Notice de l'éditeur
Le pire des salauds, le meilleur des enquêteurs.
Avril 1942. Au sortir d'un hiver rigoureux, Paris prend des airs de fête malgré les tracas de l'Occupation. Pétainiste et antisémite, l'inspecteur Léon Sadorski est un flic modèle doublé d'un mari attentionné. Il fait très correctement son travail à la 3e section des Renseignements généraux, contrôle et arrête les Juifs pour les expédier à Drancy. De temps en temps, il lui arrive de donner un coup de main aux Brigades spéciales, d'intervenir contre les « terroristes ».
Mais Sadorski est brusquement arrêté par la Gestapo et transféré à Berlin, ou on le jette en prison. Le but des Allemands est d'en faire leur informateur au sein de la préfecture de police... De retour à Paris, il reçoit l'ordre de retrouver son ancienne maîtresse, Thérèse Gerst, mystérieuse agent double que la Gestapo soupçonne d'appartenir à un réseau antinazi.
Après le succès de Monsieur le commandant, Romain Slocombe nous entraîne dans les abîmes de la collaboration et de la mauvaise conscience française.