Deux confessions de militants d'extrême-droite s'entrecroisent : celle d'un haut cadre du parti et celle d'un des hommes chargé des plus basses besognes. Les deux sont amis et voient la fin de leur monde, voire de leur vie, s'achever, paradoxalement avec l'entrée dans le gouvernement de leurs dirigeants. La fin de ce monde est aussi celle de notre structure sociale qui implose sous la pression des émeutes et des morts engendrés par la peur de l'autre.
C'est dans ce contexte qu'ils font défiler leur vie au sein du Bloc, copier-coller du Front national. Manœuvres, violences, barbouzeries et manipulations sont décortiquées, quelles soient dirigées vers les ennemis extérieurs comme vers les oppositions internes au Chef. Le fils intellectuel de petits bourgeois provinciaux et le lumpen prolétaire du Nord n'ont plus d'idéaux depuis longtemps. Seule l'action pure, la recherche de l'adrénaline de leur jeunesse, l'amour ou leur fraternité les motivent.
Le malaise s'immisce souvent dans les pages du Bloc. Jérôme LEROY ne prend pas de gants en se plaçant derrière ses deux personnages, qui nous font vivre de l'intérieur leur vision, et qui nous rappellent que ce n'est pas parce que l'on est ouvrier ou que l'on a eu un grand père communiste que l'on ne bascule pas dans le cynisme et la haine. Mais l'auteur n'excuse rien pour autant. Pas de jugement explicite dans le Bloc. Un simple roman très très noir, et espérons-le, non prémonitoire.
Notice de l'éditeur :
Sur fond d'émeutes de plus en plus incontrôlables dans les banlieues, le Bloc Patriotique, un parti d'extrême droite, s'apprête à entrer au gouvernement.
La nuit où tout se négocie, deux hommes, Antoine et Stanko, se souviennent.
Antoine est le mari d'Agnès Dorgelles, la présidente du Bloc. Stanko est le chef du service d'ordre du parti. Le premier attend dans le salon d'un appartement luxueux, le second dans la chambre d'un hôtel minable.
Pendant un quart de siècle, ils ont été comme des frères. Pendant un quart de siècle, ils ont participé à toutes les manips qui ont amené le Bloc Patriotique aux portes du pouvoir. Pendant un quart de siècle, ils n'ont reculé devant rien. Ensemble, ils ont connu la violence, traversé des tragédies, vécu dans le secret et la haine. Le pire, c'est qu'ils ont aimé cela et qu'ils ne regrettent rien. Ils sont maudits et ils le savent.
Au matin, l'un des deux devra mourir, au nom de l'intérêt supérieur du Bloc. Mais qu'importe : à leur manière, ils auront écrit l'Histoire.