Ne cherchez pas, ce département de la police des années 1950, la police de sureté et de surveillance dont les membres sont surnommés les Boiteux, n'a d'existence que dans ce livre. Il en est de même pour la fomentation d'un coup d'état qui se serait soldé par une fusillade mortelle entre la Police Judiciaire et des membres des Boiteux au fort de Gravelle. Mais tout cela est tellement plausible à la lumière des évènements qui secouèrent la France au moment de la guerre d'Algérie.
Frédéric L'HOMME s'inspire de notre histoire pour alimenter son roman avec justesse, tout en se laissant un maximum de liberté : guerre des polices, tentatives de coup d'état par l'OAS, brigades d'Action Directe des années 1970... Il y rajoute des clins d'oeil malicieux teintés d'une certaine nostalgie, comme ces puissantes Alpine Renault conduites par les gradés, semblables aux véhicules qui équipèrent les services d'intervention de la gendarmerie au cours des années 1960.
Ces références donnent du corps à cet ouvrage dont l'intrigue gagnerait à un peu plus de consistance. Les scènes décrites sont classiques. On retrouve par exemple le duo traditionnel de flics que tout oppose à l'origine et qui se voit dans l'obligation de travailler ensemble.
L'ensemble fonctionne toutefois bien et se lit sans ennui.
Notice de l'éditeur
L’histoire se passe en France, au début des années 1980, dans une réalité qui s’écarte légèrement de celle que nous connaissons. La guerre couve entre la police judiciaire et le « boulevard Soult », autrement dit la police de sûreté et de surveillance, dont l’action, centrée sur la lutte antiterroriste, échappe au contrôle des juges.
Au sein du boulevard Soult, Louise est une jeune inspectrice rompue aux missions d’infiltration. On la charge de surveiller les agissements de son nouvel équipier, un fonctionnaire en fin de carrière soupçonné de renseigner la PJ sur les activités du service. Dans le même temps, elle devra enquêter avec lui sur une mystérieuse série de meurtres dont les victimes sont d’anciens agents de la maison – une enquête illégale, car seule la police judiciaire est habilitée à traiter les affaires criminelles.
Ce premier roman de Frédéric L’Homme, étourdissant de maîtrise, crée d’emblée une mythologie. Les boiteux du boulevard Soult, ces hommes et ces femmes placés au-dessus des lois, forment une constellation de personnages en marge, qui ne cessent de défier l’État qu’ils sont censés servir. Inoubliable.