Dans le Glasgow de l'après-guerre, entre villas luxueuses et quartiers détruits par les bombardements, Douglas Brodie, toujours journaliste de seconde zone, se trouve englué bien malgré lui dans de sombres affaires, entre justiciers auto-proclamés et politiciens corrompus.
Chantiers navals à l'abandon, gamins errants, la ville est livrée à elle-même. Des soldats revenus du front trainent leur misère une fois leur prime de démobilisation épuisée, sans emploi et sans famille, ne survivant que par la mendicité, la soupe populaire et la rapine. A la délinquance des rues fait face la délinquance en col blanc, cette dernière étant l’œuvre des promoteurs flairant les profits engendrés par les futurs chantiers de reconstruction et des élus véreux attribuant les marchés publics.
Ce tableau pourrait être si triste que le lecteur sombrerait dans une profonde dépression, le climat très pluvieux de Glasgow ne contribuant pas, en plus, à remonter le moral. C'est sans connaître Gordon FERRIS qui manie l'humour noir à profusion, comme son regretté confrère, lui aussi écossais, Philip KERR. Il aime par exemple à souligner les nombreux points communs entre les juifs et les écossais, avec leur "humour marqué par l'autoflagellation", sans parler "de notre intérêt bien connu pour l'argent". Mais on apprend aussi, dans un autre registre au détour d'un chapitre, que l’Écosse est "le seul pays au monde à n'avoir jamais ni expulsé ni assassiné ses juifs". Diaspora, pauvreté et population cosmopolite sont les traits marquants de ce Glasgow de 1946.
Au fond de lui, malgré ses médailles et ses entrées chez les notables locaux, Brodie reste un révolté, nous livrant crument sa vision de la société à cette époque.
Mais heureusement Gordon FERRIS nous fait prendre un bon bol d'air dans la campagne environnante, sur la route des Highlands, le long des splendides lochs. Relater l'ambiance de ce livre serait incomplet si un élément fondamental de la vie écossaise n'était pas cité : le whisky. Et ici, il coule à flot, pour le plus grand bonheur a n'en pas douter de l'office du tourisme de Glasgow, un peu malmené par ses deux auteurs originaires que sont Gordon FERRIS et Ian RANKIN.
Notice de l'éditeur
Glasgow, la ville d’Écosse la mieux taillée pour le roman noir, connaît un été torride en cette année 1946. Douglas Brodie, ex-flic et sous-off tout juste démobilisé, vient d’être embauché comme reporter à la Gazette, où il doit vite faire ses preuves. L’occasion lui en est fournie par les exactions d’une bande de justiciers autoproclamés « les Marshals de Glasgow », qui ont l’accent des Highlands et envoient aux journaux des épîtres enflammées et agrémentées de citations des Évangiles. Leur mission ? Infliger un châtiment selon eux bien mérité à des criminels qui sont passés entre les mailles du filet de la justice. Dans une atmosphère alourdie par la pauvreté, les spéculations liées à la reconstruction et les dysfonctionnements de l’État, Brodie part pour une croisade en eaux troubles qui marquera durablement sa conscience.