Avec ce livre posthume découvert par son fils Nick CORNWELL et publié un an après son décès en 2020, L'espion qui aimait les livres clôt avec majesté l'oeuvre de John Le CARRE.
Qui d'autre a su décrire avec autant de justesse ce microcosme bien particulier de l'espionnage britannique ? Si en France chaque famille de l'aristocratie ou de la haute bourgeoisie se devait d'avoir en son sein un médecin, un militaire et un ecclésiastique, au Royaume-Uni c'est d'un diplomate ou d'un membre des services secrets (ils se confondent souvent) que requiert la tradition. Pour les autres classes sociales voulant embrasser cette profession si particulière et si éloignée de l'image de 007, c'est "Défense d'entrer", comme l'indique le panneau situé au portail de "Silverview".
Dans une ambiance surannée, où aucun mot n'est prononcé plus haut que l'autre, se déroulent de mystérieux évènements, des rencontres improbables, que ce soit dans un magasin d'antiquité ou dans une vieille librairie reprise par un ex-trader de la City.
L'opacité règne dans les rapports entre chaque personnage. Le non-dit prime dans les conversations où chaque silence, chaque geste peut faire l'objet d'interprétations. Elles peuvent conduire au succès ou à l'échec de missions si complexes que même les intervenants ne s'y retrouvent parfois plus.
Dans L'espion qui aimait les livres, l'univers de l'auteur reste intact. Il s'apprécie toujours dans le même état d'esprit que dans l'ensemble de ses romans. Avec tact et finesse John Le CARRE ne se prive pas de critiquer une Grande Bretagne qui veut toujours vivre comme à l'époque de son empire victorien.
Notice de l'éditeur
Julian a volontairement troqué son job lucratif à la City contre une librairie dans une petite station balnéaire de la côte est anglaise. Mais à peine est-il installé qu’un visiteur surgi de nulle part vient bouleverser sa nouvelle vie : Edward, immigré polonais habitant la vaste demeure en bordure de la ville, semble en savoir beaucoup sur sa famille, et porter trop d’intérêt à la bonne marche de son entreprise.
Lorsqu’une lettre parvient entre les mains d’un haut gradé des Services, l’avertissant qu’une taupe organiserait la fuite d’informations confidentielles, son enquête le conduit jusqu’à cette paisible localité du Norfolk.
Dans L’Espion qui aimait les livres, John le Carré révèle les affres et les doutes des agents secrets, dans l’exercice de leur fonction comme derrière les portes closes de leur foyer. Par-dessus tout, il dénonce comme jamais auparavant les faiblesses du Renseignement britannique. Un roman passionnant, point d’orgue d’une œuvre grandiose.