C'est des petites mafias dont il s'agit. Même si elles revendiquent d'être proches des grandes comme la 'Ndrangheta ou la Camorra, leur taille et leur zone d'influence limitées les rapprochent plutôt de ce que l'on appelle des bandes criminelles. Ce n'est pas pour ça qu'elles sont moins dangereuses. Meurtres, extorsions, braquages, prostitution, trafic de drogues et kidnapping constituent leur quotidien. Ici, l'intrigue se focalise sur une nouvelle pratique, le "kidnapping éclair", à savoir une opération en trois phases : repérage d'une personne ayant acquis illégalement une grosse somme d'argent en liquide, puis enlèvement d'un proche et libération du kidnappé contre la remise d'une rançon. Le tout ne doit pas dépasser quelques heures. Argent sale, donc pas de plaintes ! Mais quand l'enlèvement concerne un enfant, les choses ne se passent pas comme prévu...
A Bari, ville de prédilection de l'auteur (il y a été magistrat), derrière cette intrigue nous est dévoilé le fonctionnement détaillé de cette mafia locale. Car avant tout elle s'identifie aux grandes avec ses rites complexes : cérémonies d'intronisation, codes d'honneur, grades et conditions de promotion. C'est l'inspecteur (maréchal chez les carabiniers) Pietro Fenoglio qui sera chargé d'enquêter sur l'enlèvement de cet enfant. Comme d'autres policiers de romans italiens, il se caractérise par une certaine décontraction et beaucoup de philosophie dans son regard sur les affaires qu'il doit traiter. Sur les faits sordides sur lesquels il doit se pencher, il cherche toujours des traces d'humanité.
On trouvera également dans L'été froid quelques clins d'oeil rafraîchissants, comme celui de la rédaction d'un procès verbal d'interrogatoire retranscrivant les paroles d'un suspect. Cela se traduit par exemple par "tôt le matin" en "au cours des premières heures de la journée" ou "j'ai trouvé des bouteilles de vin" en "je me suis accidentellement retrouvé en contact visuel avec une certaine quantité de produits vinicoles". Littérature et policiers font bon ménage !
Notice de l'éditeur
Été 1992. Meurtres, attentats, enlèvements : la Mafia fait régner
la terreur dans les rues de Bari.
Quand il apprend qu’un enfant a été kidnappé, le maréchal Pietro Fenoglio sait que le point de non-retour est atteint : il s’agit du fils d’un des parrains les plus puissants de la ville. La guerre est déclarée.
Le chef du clan rival, qui sent le vent tourner, décide de collaborer avec la justice pour sauver sa peau. Il se lance alors dans un récit hypnotique qui fera plonger Fenoglio et le lecteur au plus profond d’un système où l’omerta est le mot d’ordre.
Un polar haletant, par l’un des meilleurs connaisseurs de la Mafia.