Quatorze ans après, "l'affaire Thomassin" garde tous ses mystères. Qui a tué Catherine Burgot, la postière du bureau annexe de Montréal-la-Cluse ? Qu'est devenu Gérald Thomassin, principal accusé, jeune acteur césarisé ayant connu sa période de gloire avant de retourner d'où il venait, à savoir la rue ?
Florence AUBENAS n'écrit pas pour nous donner des réponses ou formuler des hypothèses. Elle n'en possède pas plus que les autres : gendarmes, flics, magistrats et proches de la victime ou du principal accusé. Son approche est tout autre. Elle se rapproche de tous ceux qui les côtoyé (l'accusé est toujours présumé innocent et a d'ailleurs été libéré avant de disparaître). Elle détaille ce qu'ils ont vécu au travers cette tragédie avec leurs interrogations, leurs réactions, leurs sentiments allant de la compassion à la colère et à la haine.
Après avoir lu L'inconnu de la poste, le lecteur connaitra à peu près tout des protagonistes, et plus particulièrement des vies de Catherine Burgot et de Gérald Thomassin. Derrière les apparences, Florence AUBENAS fait ressortir leurs difficultés à vivre, à trouver leur place dans la société et à parvenir à un début de sérénité dans leur quotidien. Si Catherine Burgot commençait à s'en approcher, Gérald Thomassin en était encore loin, plombé par une enfance et une adolescence dont il n'a jamais réussi à s'affranchir. Pour un "marginal", saisir sa chance quand elle se présente est souvent au dessus de ses forces.
Plus qu'une enquête journalistique sur un fait divers, c'est une véritable leçon d'humanisme que nous donne Florence AUBENAS. Elle nous rappelle aussi que s'il y a une chose à toujours exclure, ce sont bien les a-priori.
Notice de l'éditeur
« La première fois que j’ai entendu parler de Thomassin, c’était par une directrice de casting avec qui il avait travaillé à ses débuts d’acteur. Elle m’avait montré quelques-unes des lettres qu’il lui avait envoyées de prison. Quand il a été libéré, je suis allée le voir. Routard immobile, Thomassin n’aime pas bouger hors de ses bases. Il faut se déplacer. Je lui ai précisé que je n’écrivais pas sa biographie, mais un livre sur l’assassinat d’une femme dans un village de montagne, affaire dans laquelle il était impliqué. Mon travail consistait à le rencontrer, lui comme tous ceux qui accepteraient de me voir. » F.A.
Le village, c’est Montréal-la-Cluse. La victime, c’est Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait. Ce livre est donc l’histoire d’un crime. Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour en reconstituer tous les épisodes – tous, sauf un. Le résultat est saisissant. Au-delà du fait divers et de l’enquête policière, L’Inconnu de la poste est le portrait d’une France que l’on aurait tort de dire ordinaire. Car si le hasard semble gouverner la vie des protagonistes de ce récit, Florence Aubenas offre à chacun d’entre eux la dignité d’un destin.