Stephen KING délaisse provisoirement le fantastique pour pénétrer dans le monde du thriller, avec un hommage appuyé à James CAIN. En évoluant au travers du vieux flic retraité qui s'ennuie dans sa grande ville de province et du post adolescent perturbé (très perturbé), notre maître du suspense conserve quelques références à son univers de prédilection : le fantastique à partir du quotidien. Ses personnages sont communs, chacun les croise dans la rue sans les voir. Mais ils possèdent en eux le plus qui les rend exceptionnels, du bon ou du pire des côtés.

Dans cette course contre la montre qu'est Mr Mercedes, l'ex-inspecteur sur la touche contre le geek explosé, l'intrigue file à la vitesse d'une douze cylindres. En jeu, un objectif tristement actuel : stopper l'escalade d'attentats visant un nombre croissant de victimes.

Il est nul besoin d'aller chercher au bout de la planète des illuminés barbus pour semer la terreur. Comme dans bon nombre de ses romans, elle est tapie en nous, au plus profond de nos personnalités et de notre système social qui encourage tous les germes de cette folie. Stephen KING s'amuse d'ailleurs à nous le rappeler en parsemant ses pages de clins d’œil à ses livres passés. La brume (1) est omniprésente dans les premières scènes. "La vieille Plymouth de ce film d'horreur" (2) traverse l'esprit de nos flics médusés par le massacre perpétré par la SL 500. Et que dire de la découverte du masque de clown "type Bozo", rappelant "le film avec le clown qui vit dans les égouts" (3). Pour les afficionados du King, il y en a certainement d'autres, qui provoqueront des petits sourires (rictus ?) au détour d'une ligne.

Même si la construction est convenue, Stephen KING arrive toujours à étonner et à nous scotcher jusqu'à la fin. Me Mercedes ne déroge pas à cette règle. Mais une question interpelle après avoir fermé le livre : pourquoi une Mercedes ? Le saurons-nous dans les prochains tomes de ce qui va constituer cette nouvelle trilogie ?

(1) Brume (2) Christine (3) Ça

notice de l'éditeur :

Foncer sur une foule dans sa SL 500 12 cylindres :
le moment le plus grisant de la vie de Mr Mercedes.
Et le carnage lui a tellement plu
qu’il n’a qu’une envie : recommencer.
Au plus vite…
 
Délaissant le fantastique, Stephen King se glisse avec une jubilation contagieuse dans le moule du polar. Revenu de tout mais toujours tenace, son inspecteur Bill Hodges rejoint les figures emblématiques du roman noir américain.