Les romans de John le CARRE possèdent un rythme bien à eux. Au départ ils décrivent des scènes ordinaires. Ici, c'est le quotidien d'un couple presque comme les autres. Chacun, pris dans sa routine, vaque à ses occupations : le bureau dans la journée, le club très British de Monsieur, agrémenté parfois dans la soirée de tournois de badminton, les visites de quelques amis et la gestion des conflits permanents avec leur fille qui sort de l'adolescence.
Presque comme les autres. Monsieur est un espion sur le déclin, relégué dans un placard avec la charge de diriger des espions et des informateurs dont plus personne ne veut s'occuper. Madame est devenue avocate de renom bataillant contre les trusts pharmaceutiques, après avoir été espionne et proche collègue de Monsieur.
Puis imperceptiblement tout s'accélère : des enjeux majeurs se dévoilent, les tensions montent dans les services auparavant somnolents. La guerre froide appartient au passé, mais dans ce début du vingt et unième siècle rien n'a fondamentalement changé. La situation a même empiré pour les anglais, pris dans le feu croisé de Trump et de Poutine et en froid avec leurs alliés européens depuis le vote du Brexit.
Avec John le CARRE, les espions sont avant tout des hommes. Ils vivent dans leur époque, réfléchissent, tentent de trouver un équilibre entre leurs convictions, leurs sentiments et leurs tâches de fonctionnaires au service de la Couronne. Alors, quand dans cet imbroglio personnel surgit le hasard, que faire ? Simple coïncidence ou manipulation ? L'imprévu peut-il exister dans ce microcosme opaque du renseignement ?
Quoi de plus naturel donc, à ce stade du récit, de n'avoir qu'une envie, celle de connaître la fin ?
Notice de l'éditeur
À quarante-sept ans, Nat, vétéran des services de renseignement britanniques, est de retour à Londres auprès de Prue, son épouse et alliée inconditionnelle. Il pressent que ses jours comme agent de terrain sont comptés. Mais avec la menace grandissante venue de Moscou, le Service lui offre une dernière mission : diriger le Refuge, une sous-station du département Russie où végète une clique d’espions décatis. À l’exception de Florence, jeune et brillante recrue, qui surveille de près les agissements suspects d’un oligarque ukrainien.
Nat n’est pas seulement un agent secret. C'est aussi un joueur de badminton passionné. Tous les lundis soir dans son club il affronte un certain Ed, grand gaillard déconcertant et impétueux, qui a la moitié de son âge. Ed déteste le Brexit, déteste Trump et déteste son travail obscur. Et c’est Ed, le plus inattendu de tous, qui mû par la colère et l’urgence va déclencher un mécanisme irréversible et entraîner avec lui Prue, Florence et Nat dans un piège infernal.
Avec Retour de service, John le Carré, en éminent chroniqueur de notre époque, livre un portrait du monde que nous habitons, glaçant, délicatement satirique et porté de bout en bout par une tension constante.