Guerre d'Algérie et combat de classes. Nicolas MATHIEU suit l'itinéraire d'un rescapé de l'Algérie française échoué dans les Vosges. Cinquante ans après, ce lieu fut celui d'un autre théâtre de combat, d'une autre forme de violence, celle opposant ouvriers et patronat. Il suit également l'itinéraire de sa famille, enfants et petits-enfants, ainsi que celle d'un syndicaliste venu au militantisme un peu par hasard, tributaire d'un passé que l'on devine lourd et tourmenté.
Dans l'Est les usines ferment, les couples volent en éclat, les jeunes ne cherchent pas d'avenir plus éloigné que celui du programme de leur prochaine soirée. L'argent manque partout, cruellement. Alors quand il en faut, absolument, les obstacles moraux explosent, ouvrant la voie à la petite et grande délinquance et à toute forme de trahison. Nicolas MATHIEU dépeint avec profondeur cette misère sociale qui s'étend jusqu'au plus reculés de nos bourgs et de nos hameaux ; le désœuvrement d'une jeunesse qui en fait les frais ; les petits deals et les actions désespérées pour tenter de survivre. Il n'oublie pas ceux qui abandonnent, épuisés, malades, ou ceux qui partent vers d'autres provinces qu'ils espèrent plus prospères.
Aux animaux la guerre renoue, de manière plus romancée, avec la génération précédente des Daeninckx, Jonquet et Izzo, qui puisent (ou puisaient) leur inspiration littéraire dans le quotidien de ceux dont on ne parle pas, ou juste à l'occasion d'un article ou d'un reportage sur la énième entreprise liquidée. On regrette juste qu'il s'arrête trop souvent avant la fin, laissant plusieurs de ses personnages poursuivre leur vie à la faveur de notre imagination.
(Quant sera-t-il de l'adaptation en série TV d'Aux animaux la guerre ? La réponse d'ici novembre 2018 sur France 3).
Notice de l'éditeur
Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colo cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta.
Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n’ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le bodybuilder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds officiant entre Épinal et Nancy. Une fille, un Colt .45, la neige – à partir de là, tout s’enchaîne.
Aux animaux la guerre, c’est le roman noir du déclassement, des petits Blancs qui savent que leurs mômes ne feront pas mieux et qui vomissent d’un même mouvement les patrons, les Arabes, les riches, les assistés, la terre entière. C’est l’histoire d’un monde qui finit.