Crevasses glaciaires et cités HLM abandonnées et délabrées : telle est l'image de ce coin du Groenland dans La fille sans peau. Les oppositions sont partout, comme c'est le cas dans la plupart des pays colonisés. Opposition des langues, opposition des modes de vie - sédentarisation forcée contre nomadisme -, opposition dans les rapports aux autres et à la nature. Le colonialiste est ici le danois. Il a importé depuis sa venue "sa" violence, plus sournoise mais non moins terrible que celle des peuples autochtones. Seuls points communs entre ces cultures différentes : un amoncellement de cadavres chez les hommes, une maltraitance partagée envers les femmes dès leur plus jeune âge et une soif incommensurable de pouvoir.
Annoncé comme le premier tome d'une trilogie, La fille sans peau met en scène un couple non conformiste, composé d'un journaliste réfractaire à l'ordre et d'une sauvageonne tatouée, chasseuse de phoques et pleine de ressources insoupçonnables. Difficile avec ses éléments de ne pas penser aux deux héros de Stieg LARSSON, Mikael Blomkvist et Lisbeth Salender.
Une fois la barrière linguistique franchie (pas simple de retenir les noms groenlandais), le livre se parcoure sans embûches, sans surprises non plus. Le meilleur de ce véritable thriller est son atmosphère : profond brouillard persistant propice aux plus grandes peurs ponctué par les nuits profondes glaciales ou pluvieuses et par quelques rares éclats aveuglants du soleil nordique.
Notice de l'éditeur
Nuuk, Groenland, 2014. Une découverte sensationnelle fait frémir la petite communauté : le corps d’un Viking est extrait de la glace, en parfait état de conservation. Mais le lendemain, le cadavre a disparu et on retrouve l’agent de police qui montait la garde nu et éviscéré comme un phoque. L’épouvantable procédé résonne funestement avec des affaires de meurtres non élucidées datant de plus de quarante ans.
Le journaliste danois Matthew Cave s’immerge dans ces cold cases, révélant le destin terrible de tant de fillettes de la communauté. Mais sa quête menace clairement les intérêts malsains de certaines personnalités importantes de l’île, et il comprend assez vite que sa curiosité risque de s’avérer fatale. Étrangement, la seule à qui il ose faire confiance est une jeune chasseuse de phoques groenlandaise récemment libérée de prison.
La Fille sans peau nous plonge dans un monde fascinant et hostile recouvert d’une couche de glace vieille de plus de cent mille ans, dont la beauté envoûtante cache une nature imprévisible et souvent meurtrière. Un arctic noir viscéral et addictif qui ne laissera personne indifférent.