La transparence selon Irina s'inscrit dans la pensée orwélienne de 1984. Le monde n'est plus qu'une seule unité soumise au diktat de la machine qui, à l'aide d'algorithmes, régit la vie de chaque humain. Une petite différence tout de même : chaque personne le sait, en est conscient et la majorité a opté pour ce système. Ce dernier assure pour ceux qui le souhaite un revenu universel et un environnement quotidien confortable.
La contrepartie, il y en a toujours une, est d'accepter une transparence totale. Plus de vie privée, chaque action est enregistrée dans le système et accessible à tous. Dès la naissance, une puce est implantée dans le corps, permettant au Réseau (le nom du système) de tout connaître, contrôler et anticiper. Le Réseau fait aussi bien office d'agence matrimoniale que de créateur d'ambiance intérieure. Il est "le socle de la structure sociale".
Alors forcément certains résistent, à l'image d'un célèbre village gaulois. A côté des "rienacas" (rien à cacher) on trouve les "nonymes", semi-clandestins utilisant le Réseau pour leur vie virtuelle et utilisant un pseudonyme dans la vie réelle et, pire encore, les "obscuranets", opposés à la disparition de la vie privée, vivant en marge du Réseau et oeuvrant pour son anéantissement.
Au travers d'une poignée de personnages, Benjamin FOGEL nous immisce dans chacune de ces communautés. Il y a des conflits, des morts et beaucoup de manipulations. Même en prônant la transparence totale, des zones d'ombres subsistent. Au final, ce sont toujours les humains qui font et défont les programmes informatiques...
La transparence selon Irina cumule Science Fiction, pas si lointaine, et psychologie. Cette dernière tient même une place prépondérante dans le récit. Cela entraine quelques longueurs pouvant dérouter l'amateur de polar ou de SF pur et dur. Le message transmis est clair : voici en partie ce qui pourrait nous arriver demain si nous n'y prenons pas garde. Alors, anticipons !
Notice de l'éditeur
2058 : le monde est entré dans l’ère de la transparence. Les données personnelles de chacun sont accessibles en ligne publiquement. Il est impossible d’utiliser Internet sans s’authentifier avec sa véritable identité. Pour préserver leur intimité, un certain nombre de gens choisissent d’évoluer sous pseudonyme dans la vie réelle. Sur le réseau, Camille, 30 ans, vit sous l’emprise intellectuelle d’Irina Loubowsky, une essayiste controversée qui s’intéresse à l’impact de la transparence sur les comportements humains. Dans la réalité, Camille se fait appeler Dyna Rogne et cultive l’ambiguïté en fréquentant un personnage trouble appelé U.Stakov, aussi bien que Chris Karmer, un policier qui traque les opposants à Internet. Mais Karmer est assassiné. Entre cette mort brutale et le mystère qui entoure Irina, Camille remet en question sa réalité mais reste loin de soupçonner la vérité.