A la recherche de... C'est à partir de cette formulation classique que débute Les visages. Très vite nous sommes pris dans une tornade emportant pêle-mêle folie, art, cold case, rapports sociaux. L'originalité prime dans ce polar. De part le héros, propriétaire d'une galerie d'art ; de part le type d'enquête (chut !) et de part la construction du roman avec son rejet des codes trop utilisés par la littérature étiquetée comme "thriller".
Avec Ethan Muller (le héros) nous explorons le monde du marché de l'art moderne et contemporain avec ses galeristes, sa clientèle fortunée et ses artistes. Nous suivons le long chemin qui conduit du XIXe siècle l'immigré d'Europe centrale sans le sou à la fortune quelques dizaines d'années plus tard, dans cette Amérique où le mythe du self made man fait encore fureur. Jesse KELLERMAN va un peu plus loin en décrivant les héritiers de ces pionniers d'hier, devenus représentant de cette bourgeoisie new-yorkaise s'affichant comme issue des vieilles familles. Tout est permis pour sauver les apparences, pour masquer l'ennui et la solitude et tout ce qui s'apparente à l'a-normalité.
Il est probable que Les visages déçoivent les inconditionnels du véritable "thriller". Pas de coup de feu, pas de poursuites haletantes, pas de coup de théâtre au cours des cinquante dernières pages. Les visages se classe parmi les romans noirs, et s'apprécie comme tel.
Notice de l'éditeur
Lorsque Ethan Muller, propriétaire d'une galerie, met la main sur une série de dessins d'une qualité exceptionnelle, il sait qu'il va enfin pouvoir se faire un nom dans l'univers impitoyable des marchands d'art. Leur mystérieux auteur, Victor Crack, a disparu corps et âme, après avoir vécu reclus près de quarante ans à New York dans un appartement miteux. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c'est le travail d'un génie. La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d'enfants victimes, des années plus tôt, d'un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l'obsession. C'est le début d'une spirale infernale à l'intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers. Bien loin des polars calibrés habituels, Jesse Kellerman, styliste hors pair, nous offre ici un roman d'une indéniable qualité littéraire qui, doublée d'une intrigue machiavélique, place d'emblée le livre au niveau des plus grandes réussites du genre, tels Mystic River, de Dennis Lehane, ou L'Analyste, de John Katzenbach.