La Grèce manquait parmi les lieux d'errances de Bernie Gunther. Après avoir été flic, détective privé, concierge d'hôtel, il endosse sous une fausse identité celui d'expert en sinistres en assurance. Sa mission : découvrir ce qui a provoqué le naufrage en mer Egée d'un bateau piloté par un marin allemand.
Mais notre Bernie vieillit, ou pire, se sent vieux. Il joue moins du pistolet, il se fait piéger comme un bleu, ses réparties se font moins mordantes. Il résiste même à une superbe femme digne d'une héroïne d'un livre de Ian Fleming.
Comme à l'accoutumée, Philip KERR profite des aventures de Bernie pour nous offrir un panorama historique. Par exemple, celui de la compagnie Munich Ré qui assurait même, pendant la Seconde guerre mondiale, " les camps de concentration contre l'incendie, le vol et les autres menaces". C'est également celui de la Grèce de 1957, entre période d'après guerre et avant l'arrivée de la dictature des Colonels. A cette date, les prémisses de cette dernière étaient déjà visibles avec le gouvernement au pouvoir, dans un pays tiraillé entre son souhait de rentrer dans la nouvelle Communauté Economique Européenne, ses inflexions conservatrices et l'attraction de l'URSS s'appuyant sur le puissant Parti communiste grec. Le tout sous l'oeil d'une Allemagne retrouvant sa force, économique cette fois-ci, sous la présidence d'Eisenhauer.
L'humour conserve malgré tout toujours sa place. Les assureurs en prennent pour leur grade, Munich Ré en tête, dirigée par un président nommé Alzheimer (sic). Le travail de l'expert en sinistres d'assurance se voit défini juste comme "une manière polie de désigner quelqu'un qui est payé pour découvrir si les gens mentent".
En passant, Philip KERR ne peut s'empêcher de faire un clin d'oeil appuyé à son sport favori, le football. Ce n'est surement pas un hasard si le second volet de sa trilogie footballistique se déroule en Grèce (voir La main de Dieu).
Avec L'offrande grecque, la lecture d'un polar s'associe encore une fois avec la connaissance (ou le rappel) d'un contexte historique mouvementé et donnant toujours matière à réflexion. Ce serait dommage de bouder ce plaisir.
Notice de l'éditeur
Munich, 1957. Bernie Gunther a désormais une nouvelle identité et met son expérience de policier au service d’une compagnie d’assurances après avoir quitté son poste à la morgue.
On l’envoie à Athènes, où un bateau appartenant à Siegfried Witzel, un ancien soldat de la Wehrmacht, a coulé. Flanqué d’un assistant peu téméraire, Bernie a tout juste le temps de rencontrer l’Allemand que ce dernier est retrouvé mort.
Lorsque Bernie découvre que le propriétaire du bateau était en fait un Grec juif déporté à Auschwitz, il sait qu’il va devoir,une nouvelle fois plonger dans les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale..