Luc Blanchard et Antoine Lucchesi se retrouvent dans Frakas après avoir fait connaissance un peu violemment dans le précédent roman de Thomas CANTALOUBE, Requiem pour une république.
Thomas CANTALOUBE poursuit ici son décryptage de la politique française des années 1960 au travers d'aventures mêlant criminalité et journalisme d'investigation. Un pied dans la fiction, un pied dans l'histoire. Il s'attaque à l'épisode peu glorieux de la décolonisation et plus particulièrement à celui de la bataille des camerounais favorables à une indépendance totale de leur pays. C'est la mise en place de l'installation par le gouvernement français de ce que l'on nomme toujours la politique de la Françafrique.
Comme dans Requiem pour une république, des personnages connus y font leur apparition : Mitterand, Defferre, qui fut ancien ministre de l'Outre-Mer et son ex-chef de cabinet, Pierre Messmer. On voit passer aussi un certain Jacques Kosiusko-Morizet, ambassadeur du Congo-Leopoldville et haut fonctionnaire chargé de l'organisation de l'indépendance du Cameroun, l'incontournable Monsieur Afrique de de Gaulle, Jacques Foccart, un ex-ministre de l'intérieur qui fut commercial chez Ricard et patron du Service d'Action Civique, police parallèle du pouvoir et enfin des leaders indépendantistes du Cameroun du parti UPC, moins connus comme Félix-Rolland Mounié, assassiné en 1960 à Genève.
Luc et Antoine courent vers des objectifs différents au Cameroun et au Gabon avec à leurs trousses des colons, des barbouzes et l'armée française. Thomas CANTALOUBE en profite pour dénoncer aussi cette dernière, coupable de massacres de populations locales et de l'utilisation, bien avant l'armée américaine au Vietnam, de bombes au napalm.
On l'aura compris, l'auteur n'épargne pas le régime gaulliste dans cette Série Noire en n'hésitant pas, en narrant les péripéties nombreuses de nos héros, à dévoiler un épisode encore tabou de l'histoire de la décolonisation en Afrique.
Notice de l'éditeur
Paris, 1962. Luc Blanchard enquête sur un groupuscule soupçonné d’être un faux nez des services secrets, impliqué dans l’assassinat à Genève, deux ans plus tôt, d’un leader de l’Union des populations du Cameroun. Une piste conduit le jeune journaliste à Yaoundé, mais il met son nez où il ne devrait pas et devient la cible du gouvernement local et de ses conseillers de l’ombre français.
Avec l’aide de son ami Antoine et d’un ancien barbouze, il va tenter de s’extraire de ce bourbier pour faire éclater la vérité.
Frakas nous plonge dans un événement méconnu du début de la Ve République : la guerre du Cameroun, qui a fait des dizaines de milliers de morts dans la quasi-indifférence générale et donné naissance à ce qu’on appellera plus tard la « Françafrique »