Dennis LEHANE quitte un peu sa ville de Boston pour suivre vers le Sud son héros, Joe Coughlin, dans ses périples de gangster. Une fois n'est pas coutume, ce bandit, qui se définit plus comme un hors-la-loi, n'est pas issu des classes défavorisées, ne sort pas de l'école de la rue mais de celle des établissements fréquentés par la progéniture des notables bostoniens. C'est plus la révolte contre la manière de vivre, les règles de l'ordre établi, qu'il soit familial ou social, qui l'a entrainé dans la petite délinquance, pour parvenir à sa maturité au rang de chef régional d'une organisation criminelle.

Dans les années 30, la prison était déjà la meilleure école du crime (comme quoi peu de choses ont changé par rapport à aujourd'hui). Et aux États-Unis, l'association de la crise économique de 1929 avec l'instauration de la prohibition a offert aux mafias le plus beau des marchés : celui de la fabrication, du trafic et de la vente d'alcool. C'est dans ce contexte favorable, en mettant à profit son intelligence et aussi avec une certaine chance que les opportunités de croissance se sont ouvertes pour des gens comme Joe.

Mais l'histoire ne s'arrête pas à une énième évocation de l'ascension d'un petit truand gravissant petit à petit les échelons de la hiérarchie. D'une part parce que Joe a pour lui sa culture, spécificité plutôt rare dans les milieux dans lesquels il évolue, et s'avère être un homme plein d'empathie, voire de passion ou d'amour fou pour certains de ses semblables, ainsi que sans préjugés raciaux. Et d'autre part car le roman s'ancre parfaitement dans le contexte de l'Amérique de l'époque en relatant, sans s’appesantir, les relations entre les communautés et les "familles", la structure et l'évolution des clans contrôlant les marchés de l'alcool au gré des guerres de territoire, les trafiquants de rhum n'étant pas les mêmes que ceux du whisky, les accords officieux avec les autorités locales... Il aborde également quelques volets peu connus, comme les conflits entre le Ku Klux Klan et les mafias, qualifiées de ramassis de juifs, d'italiens, d'hispaniques et de noirs, l'influence grandissante des prédicateurs ou les causes provoquant l'arrêt de la prohibition et l'autorisation d'ouverture des jeux de hasard.

Tout cet ensemble, non exhaustif, constitue la richesse d'Ils vivent la nuit et en fait un livre difficile à lâcher avant l'aube.

Notice de l'éditeur

Boston, 1926. En pleine Prohibition, l'alcool coule à flots dans les speakeasies et Joe, le plus jeune fils du commissaire adjoint Thomas Coughlin, est bien décidé à se faire une place au sein de la pègre. Il commence par braquer un bar clandestin appartenant à un caïd local et, surtout, commet l'erreur de séduire sa maîtresse. La vengeance ne se fait pas attendre et Joe se retrouve derrière les barreaux. C'est là qu'un vieux parrain, Maso Pescatore, se charge de son "éducation" et que la carrière de Joe va prendre son essor. De la Floride à Cuba, Joe fait son chemin, pavé d'embûches, de luttes et de trahisons, parmi ceux qui "vivent la nuit". Mais au détour du chemin l'attend aussi une grande histoire d'amour...

"Ils vivent la nuit, c'est Le Parrain pour ceux qui savent penser." (Stephen King)

Le film

Live By Night de Ben AFFLECK (2017) avec :

• Ben AFFLECK
• Zoe SALDANA
• Elle FANNING
• SIENNA MILLER