Le chef du groupe de la Crim' de cette ville de province n'a pas changé depuis 40 ans (son arrivée dans La mort dans une voiture solitaire date de 1982). Toujours écorché vif, solitaire et taiseux, l'inspecteur Claude Schneider ne cherche toujours pas à faire carrière, attire les femmes sans le vouloir, se moque de la hiérarchie et du qu'en dira-t-on. Son seul but : faire appliquer la justice, que les victimes figurent parmi les riches ou les clochards, quitte à s'attirer les foudres de ses chefs ou de ses propres collègues.
Comme dans ses romans précédents, Hugues PAGAN situe l'action dans les années pompidoliennes, à cheval entre le passage d'une police marquée par les méthodes gaullistes et les années algériennes et celle de la nouvelle société chère à Giscard. Les voitures de luxe favorites des notables et des truands (l'un n'empêche pas l'autre), n'étaient pas encore les allemandes mais les DS et les Jaguar. Pour les autres, les 2CV, les R4 et les R8 sillonnaient les rues. Et pour Schneider, seul changement notable, la Lincoln Continental de Profil Perdu a troqué sa place pour une Alfa Romeo.
Sinon, les crimes et les délits, eux, n'ont pas changés. Les femmes sont toujours les proies désignées des tueurs, la petite délinquance se transforme vite en grande, les braqueurs braquent et des policiers, aux ordres, nettoient avec plus ou moins de vigueur les lieux contaminés par les exclus de la société, ceux que l'on ne veut pas voir. Et heureusement pour Schneider et son groupe, dans ce monde là, c'est rarement l'intelligence qui domine.
La plume de l'auteur s'est déliée par rapport à celle présente dans la première aventure de Schneider. Les expressions de l'époque n'ont plus besoin d'un glossaire annexé pour être comprises. Aussi, c'est sans contrainte et avec fluidité que l'on dévore Le carré des indigents d'une traite. Cela n'empêche pas Hugues PAGAN de distiller ci et là quelques petites références littéraires, comme celle associée à une certaine Laura "Traven"...
Notice de l'éditeur
Dans «Le Carré des indigents, nous retrouvons l’inspecteur principal Claude Schneider, protagoniste récurrent des romans d’Hugues Pagan. Nous sommes dans les années 1970, peu avant la mort de Pompidou et l’accession de Giscard au pouvoir. Schneider est un jeune officier de police judiciaire, il a travaillé à Paris et vient d’être muté dans une ville moyenne de l’est de la France, une ville qu’il connaît bien. Dès sa prise de fonctions, un père éploré vient signaler la disparition de sa fille Betty, une adolescente sérieuse et sans histoires. Elle revenait de la bibliothèque sur son Solex, elle n’est jamais rentrée. Schneider a déjà l’intuition qu’elle est morte. De fait le cadavre de la jeune fille est retrouvé peu après, atrocement mutilé au niveau de la gorge.