Connaissez-vous le dodécaphonisme ? Si vous n'êtes pas un adepte de Wikipédia, allez plutôt voir du côté de SCHOENBERG ou de Christian ROUX. Dans Adieu Lili Marleen il y présente un véritable cours de musicologie, traité à partir de deux angles : la composition musicale et l'histoire de la musique sous l'Allemagne nazie. Il nous apprend de fait beaucoup de choses, comme par exemple la qualification de "musiciens dégénérés " (Entartete Musik) attribuée à ceux qui n'entraient pas dans les goûts musicaux du 3ème Reich ou les efforts entrepris pour "déjudaïser" les œuvres des compositeurs juifs.
En suivant la douloureuse épopée de Julien "Monky", ex-taulard pianiste de bar et joueur de poker à ses heures, notre regard sur le monde, vu du dessus du clavier, revêt une forme particulière, plus sombre et peu mélodique. Le livre sait particulièrement bien rendre les sensations de solitude, voire d'inutilité, que peuvent ressentir ces musiciens relayés dans un angle de salle et jouant pour un public à l'oreille distante.
Adieu Lili Marleen est un bon roman, attachant, sur l'univers de ceux qui trop souvent sont cantonnés à créer une ambiance musicale et sur l'histoire méconnue des musiciens et des musiques bannies par une idéologie. Est-ce que cela en fait un bon polar ? Parfois trop de richesse, de références, bref d'érudition nuisent à l'intrigue, déjà tortueuse à souhait, au risque de décourager le lecteur alors que, paradoxalement, l'écriture est agréable et facile à suivre.
Alors, le dodécaphonisme ? Toujours rien ? Facile à comprendre pour les hellénistes... Pour les autres, suivez la ligne mélodique, en douze notes et pas une de plus s'il vous plait.
Notice de l'éditeur
Julien est pianiste dans un restaurant du Ve arrondissement. Chaque soir, Magalie de Winter, une cliente âgée à l’élégance surannée, lui demande de jouer Lili Marleen. Jusqu’au jour où elle cesse de venir. En revanche, Julien reçoit la visite de « Carlos », un individu patibulaire et musclé qui l’oblige à le suivre. Il comprend que son passé l’a rattrapé.
Dans une autre vie, Julien a failli devenir un concertiste de haut niveau. Mais il s’est retrouvé dans les griffes d’un agent artistique de seconde zone, un type louche qui effectue des « missions » pour le compte d’un gangster. Voilà Julien contraint de reprendre du service pour Kamel et sa bande. Sa mission : jouer du piano sur le yacht d’un milliardaire russe. Lorsqu’il découvre que Magalie de Winter figure parmi les passagers du bateau, il comprend que cette vieille dame excentrique a, elle aussi, un passé caché…
Christian Roux est pianiste, compositeur et scénariste. Il a publié plusieurs romans noirs adaptés à l’écran (La bannière était en noir) ou en cours d’adaptation (Kadogos, L’Homme à la bombe). Il signe avec Adieu Lili Marleen un polar brillamment construit. Mais derrière la façade classique se trouve un autre livre, à la fois méditation sur la musique et plongée dans des pages d’Histoire d’autant plus poignantes qu’elles ont presque disparu de notre mémoire.